Une interview diffusée sur Europe 1 le 13 octobre 2014.
Il y a bientôt trente ans, le 16 octobre 1984, le corps de Grégory Villemin, quatre ans, était retrouvé dans la Vologne. Laurence Lacour avait suivi l’affaire Grégory pour Europe1. Aujourd’hui proche de Christine et Jean-Marie Villemin, elle est revenue sur le quotidien des parents de Grégory.
Cela fait des années que Christine et Jean-Marie Villemin ne sont pas apparus publiquement. Comment vont-ils ?
"Ils vont bien. Cette période leur est évidemment désagréable. Mais ils ont derrière eux vingt ans de vie très bien reconstruite, ça va les aider à passer le cap douloureux de cet anniversaire qui n'en est pas un pour eux. Vingt-huit ou trente ans, ça ne change rien pour eux, c'est surtout un événement médiatique."
Regardez l'interview de Laurence Lacour sur Europe 1 :
Les Villemin ont quitté les Vosges, ils vivent désormais en région parisienne. A quoi ressemble leur vie ?
"Ils vivent toujours ensemble. Jamais le fil n’a été interrompu entre eux. Ils travaillent, ils sont devenus plus franciliens qu'ils n'ont été vosgiens. Ils ont surtout trois enfants, qui leur ont permis de reconstruire leur existence.
Leur enfant décédé est omniprésent par les photos ou dans les conversations, mais ça n'a pas empêché les trois autres de trouver leur place, de faire de belles études. L’un d’entre eux est agrégé, un autre est opticien. Il porte très bien son nom et son histoire.
Ce sont de jeunes gens qui connaissent l'histoire familiale. Mais on leur a laissé la capacité de s'épanouir, et de ne pas seulement être les héritiers d'une histoire lourde."
Une histoire lourde, y compris pour Christine Villemin, un temps inculpée. Christine Villemin, s’en est-elle remise ?
"Elle ne vit pas avec le poids du soupçon. Il y a quelques temps, on discutait dans mon bureau. Je lui ai demandé quel était son rêve : elle a blêmi, elle m'a répondu : 'Que l'enquête aboutisse'. A ce moment, les trente ans ont pris tout leur poids, toute leur densité."
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Jean-Marie Villemin a tué Bernard Laroche le 29 mars 1985, persuadé qu’il était le meurtrier de Grégory. il avait purgé une peine de quatre ans de prison pour ce fait. Le regrette-il ?
"Jean-Marie Villemin porte lourdement ce geste. Il a très vite compris qu'on ne fait pas justice soi-même, et qu'il avait d'une certaine manière fait exploser le dossier en commettant ce geste irréparable. Oui, il le regrette ! Il regrette d'avoir tué un homme."
Reste-il convaincu d’avoir abattu le coupable ?
"C’est sa conviction, elle n’a surement pas évolué. Mais entre la conviction et l’acte, il y a maintenant un fossé."
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