La justice serbe a été clémente envers les agresseurs de Brice Taton. La Cour d'appel de Belgrade a considérablement réduit, jeudi, les peines de prison prononcées contre quatorze personnes condamnées après la mort de ce supporter français, en marge d'un match d'Europa League entre le Partizan Belgrade et Toulouse en 2009.
Les peines initiales prononcées par un tribunal de Belgrade en janvier 2011 allaient de quatre à 35 ans de prison. Celles prononcées par la Cour d'appel vont de quatre à quinze ans de prison maximum. "La Cour d'appel estime que le tribunal a correctement établi les circonstances (...) mais, pour la plupart des accusés, ces circonstances n'ont pas été prises en compte lorsque les peines initiales ont été prononcées", indique cette institution dans un communiqué.
La Cour, qui a maintenu le chef d'accusation de "meurtre aggravé", estime que même les peines réduites vont "pleinement couvrir la raison de la punition".
Entre treize et quinze ans de prison pour les "organisateurs"
Quelques heures avant la rencontre, alors que les supporters toulousains étaient attablés à la terrasse d'un café dans le centre de Belgrade, Brice Taton et ses partenaires avaient été attaqués par des supporters serbes, à l'aide de battes et de torches fumigènes. Grièvement blessé à la tête et au thorax, le jeune homme de 28 ans est mort à Belgrade, après douze jours d'hospitalisation.
Quatre hommes étaient considérés comme les leaders du groupe. Ils étaient accusés d'avoir planifié et organisé leur action. Djordje Prelic et Dejan Puzigaca, tous les deux fugitifs depuis le drame, avaient écopé respectivement de 35 et de 32 ans de prison. Désormais, leurs peines sont réduites respectivement à quinze et quatorze ans. Ivan Grkovic et Ljubomir Markovic, ont vu leurs peines initiales de 30 ans de prison chacun, réduites à treize ans de prison chacun.
Les huit autres, condamnés pour "meurtre aggravé", s'étaient vu infliger des peines de douze à quatorze ans. Selon la décision de la Cour d'appel, leurs peines vont désormais de sept à huit ans et demi de prison.
Pour les deux derniers inculpés, Dejan Stankovic et Stepa Petrovic, reconnus coupables de violences contre d'autres supporteurs français, les peines initiales étaient de respectivement quatre et cinq ans. La première peine a été maintenue et celle de Stepa Petrovic ramenée à quatre ans.
"Ça remue le couteau dans la plaie"
Du côté des proches du supporter toulousain, la déception domine après cette décision de la Cour d'appel. "Pour les parents de Brice, pour moi, c'est douloureux, ça remue le couteau dans la plaie. C'est surprenant de voir que les peines sont réduites de moitié", a déploré le président de l'association Brice Taton, Philippe Maury.
"Après ce marathon judiciaire qui a ricoché de renvoi en renvoi", les parents de Brice Taton "sont moralement fatigués", a expliqué leur avocat, Me Guy Debuisson. "Ils veulent maintenant retrouver une paix morale, à défaut de sérénité, d'autant qu'ils ont inhumé Brice il y a quelques semaines", près de Toulouse. "Pour eux, a-t-il ajouté, le livre de ce drame doit se refermer, pour faire le deuil".
Selon l'avocat serbe de la famille Taton, Me Slobodan Ruzic, désormais seul le parquet ou les avocats des condamnés peuvent saisir la Cour suprême de cassation de Serbie. "J'ai le sentiment qu'il s'agit d'une décision de compromis, afin de satisfaire le besoin de punir les meurtriers, mais aussi de réduire leurs peines, car la Cour n'a pas réussi à établir ce qui s'est passé exactement", lorsque Brice Taton a été tué.