La sanction est maximale pour l'ex-commissaire Neyret. Manuel Valls a décidé vendredi de révoquer le policier, mis en examen en octobre 2011 pour trafic de drogue et corruption, qui, selon lui, n'a pas eu un comportement exemplaire. Le ministre de l'Intérieur devait trancher après l'avis d'une commission de discipline qui avait elle-même préconisé la sanction la plus lourde à l'encontre de l'ancien n°2 de la police judiciaire de Lyon, écroué durant près de huit mois à la prison de la Santé à Paris. Il est aujourd'hui sous contrôle judiciaire en attendant son procès.
"Après avoir pris connaissance de l'avis du conseil de discipline de la police nationale, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a décidé la révocation du commissaire Michel Neyret", indique le ministère dans un communiqué.
Me Gabriel Versini, un des défenseurs de Michel Neyret, a déclaré vendredi soir que cette décision "n'est pas à l'aune de nos espérances, au vu" du passé du policier. "Il n'est plus rien professionnellement parlant et nous sommes tristes, Me Yves Sauvayre (son autre défenseur) et moi", a-t-il ajouté, "de savoir que cet homme devient ainsi inexistant d'un point de vue professionnel".
"Un homme qui a servi 30 ans la République"
© MAX PPP
La recommandation faite au ministre de le révoquer avait déjà été décrite par ses avocats comme "infamante à l'endroit d'un homme qui a servi pendant près de 30 ans la République et qui a servi ses concitoyens de façon exemplaire".
Mais cette issue faisait peu de doute après une déclaration vendredi matin sur RTL de Manuel Valls. Il relevait qu'"au-delà des carrières qui parfois sont de très grande qualité, à ce niveau-là, un policier doit être exemplaire". "Le commissaire Neyret ne l'a pas été ?", l'avait alors interrogé le journaliste. "Je crois que c'est assez évident", avait répondu le ministre.
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Rémunération des indics
Le dossier, une des procédures judiciaires les plus graves ayant jamais visé la police française, a été totalement validé par la cour d'appel de Paris. Selon ses avocats, le commissaire Neyret admet certains faits qui lui sont reprochés mais a toujours réfuté tout enrichissement personnel. Il aurait utilisé de la drogue pour rémunérer des indicateurs mais lui explique qu'il a agi dans le strict cadre de son métier de policier.
De son côté, l'accusation lui impute des faits allant au-delà des pratiques habituelles envers des indicateurs. L'ancien numéro deux de la PJ lyonnaise aurait tiré profit de renseignements issus de fichiers de police et en aurait fourni à deux personnes réputées proches du milieu lyonnais. Il aurait également bénéficié d'un séjour dans un luxueux hôtel de Marrakech, de montres de prix et de la mise à disposition de voitures de luxe sur la Côte d'Azur.
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Il vit dans l'est dans la France
Selon une source policière, Michel Neyret peut faire appel de la décision devant une juridiction administrative. Il "devrait percevoir ses droits à la retraite", qui "pouvait intervenir sous peu", selon cette source. Les commissaires peuvent devenir retraités à 60 ans, avant s'ils ont commencé tôt leur carrière, a-t-elle argumenté.
Depuis sa sortie de prison, Michel Neyret vit dans l'est de la France où il doit pointer chaque jour à la gendarmerie.