Coups de pieds, coups de poings, vitres qui volent en éclats. Un rassemblement organisé en mémoire de Rémi Fraisse a dégénéré lundi matin à Saint-Denis, en proche banlieue de Paris. Un groupe de plus d'une centaine de casseurs a profité de "l'effet d'aubaine" de cette manifestation lycéenne et s'en est pris aux voitures et aux commerces du centre de la ville.
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Les automobilistes ciblés par les casseurs. C'est vers dix heures que les choses ont basculé devant le lycée Paul-Eluard, qui était bloqué depuis le début de la matinée. Un groupe de quelque 150 personnes, selon une source policière, a décidé de se rendre dans le centre de Saint-Denis pour en découdre. Selon les informations d'Europe 1, des vols au préjudice d’automobilistes, agressés au gaz lacrymogène, ont été constatés.
"Ils ont arrêté des voitures, cassé les vitres, ouvert les coffres", raconte Ariane Touko, en terminale à Paul-Eluard. "Cela partait d'une bonne cause, un blocus pour défendre la mémoire de Rémi Fraisse, et puis ça a dégénéré", regrette-t-elle. La lycéenne, qui "condamne ces violences", s'est dite "très choquée" par une scène : celle d'une femme enceinte qui est descendue de sa voiture et a été projetée à terre. Un témoignage que les autorités n'étaient pas en mesure de corroborer dans l'immédiat.
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Un bus et un véhicule de police dégradés. Un bus qui passait devant le lycée a eu une de ses vitres brisées, selon la RATP, qui a interrompu plus d'une heure le trafic du tramway. La station de métro qui dessert la Basilique de Saint-Denis a également été fermée. Par ailleurs, des incidents ont eu lieu dans le quartier de la mairie : un véhicule de police a été pris pour cibles et des vitrines de magasins ont été dégradées.
"C'était des casseurs, point à la ligne". Hacen Sana, gérant d'une boutique d'articles de sport prise pour cible, raconte qu'"ils sont arrivés en meute". Il n'a pas assisté aux violences mais a été prévenu par ses employés, dont l'un s'est, selon son récit, retrouvé à l'hôpital pour une blessure à la jambe. Le "premier réflexe des employés a été de fermer le rideau", mais ils ont été "tabassés, roués de coups", raconte-t-il. "C'était des casseurs, point à la ligne. Ils n'ont aucune conscience politique", ajoute-t-il.
Les auteurs des débordements ont notamment tenté de s'en prendre au supermarché Carrefour du centre, qui a pu fermer ses grilles à temps. Devant ce commerce, "ça a été violent", a relaté Roman Miah, un vendeur de fleurs installé en face. "Ils étaient une quarantaine, ils ont voulu rentrer dans le magasin, mais les employés ont fermé le rideau métallique. Ils ont tapé dessus (...) La police est arrivée, ils sont partis en courant".
150 jeunes et lycéens ont foncé sur le centre de Saint-Denis et Carrefour. Peu de dégâts mais grosse frayeur. pic.twitter.com/AIJttPqrbu— Claire Guédon (@ClairGuedon) 10 Novembre 2014
Six lycées perturbés. Un "important dispositif policier" - environ 200 fonctionnaires de police - a été mobilisé pour tenter de ramener le calme, a-t-on précisé. A 14 heures, le calme était revenu dans les rues de Saint-Denis. De nombreux CRS restaient en faction devant les commerces du centre-ville. La situation a été maîtrisée "sans recours à la force", sans tir de grenade lacrymogène ni de flash-ball, a souligné une source policière, qui n'a eu connaissance que de dégâts matériels.
Au total, six lycées étaient perturbés en Seine-Saint-Denis par des rassemblements contre les violences policières et en mémoire de Rémi Fraisse, tué sur le site du barrage contesté de Sivens, dans le Tarn. La direction d'académie a précisé avoir dépêché des "équipes mobiles de sécurité" pour prêter main-forte aux équipes des lycées concernés.
Des poubelles ont été incendiées devant plusieurs établissements. Le lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen a été fermé pour la journée "par mesure de sécurité", une façade vitrée ayant été endommagée par le feu.