La famille de Rémi Fraisse a demandé au président de la République de faire la lumière sur les circonstances de la mort du jeune homme, tué par une grenade offensive lancée par les gendarmes dans la nuit du 25 au 26 octobre à Sivens. Dans une lettre lue publiquement jeudi par leur avocat, les proches du jeune homme dénoncent le fait que l’Etat a, selon eux, tenté de camoufler la vérité pendant 48 heures. Visiblement affecté, Jean-Yves Couilleau, le procureur de Toulouse, en charge du dossier, leur a répondu très sincèrement jeudi au micro d'Europe 1.
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"Commencer à faire notre deuil". "Monsieur le président de la République (…), pourquoi, alors que les militaires voient distinctement tomber (Rémi Fraisse) à la suite de l'explosion de la grenade, que les circonstances de sa mort sont connues dès cet instant, la vérité n'est pas immédiatement révélée ?", a lu Maître Arié Alimi, avocat de la famille de Rémi Fraisse, d'une voix emprunte d'émotion. "Monsieur le président, nous vous demandons solennellement (…) de nous apporter ces réponses afin de nous permettre d'inhumer notre fils et frère dans la dignité. Afin de commencer à faire notre deuil, pour que plus jamais un tel drame ne puisse se reproduire", a-t-il conclu.
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"Le temps, ce n'est pas du mensonge". La réponse du procureur de la République ne s'est pas fait attendre. Pierre-Yves Couilleau s'est exprimé "avec les tripes" au micro d'Europe 1. Pour le magistrat, il n’a jamais été question de cacher quoi que ce soit. Une accusation qu'il prend comme une offense. "Je confirme qu'il n'y a évidemment pas eu de dissimulation. En 48 heures, nous avons donné les conclusions de l'autopsie. Mon collègue a pris la parole moins de 24 heures après la découverte de ce drame", explique-t-il. "Comment peut-on dire que nous avons été silencieux ? Comment peut-on nous faire un tel procès d'intention ?", a-t-il poursuivi.
"Je veux dire à la famille de Rémi Fraisse qu'elle peut être certaine que notre devoir, en tant que magistrats et enquêteurs, est de tout vérifier. Il apparait aujourd'hui certain que personne n'aurait pu imaginer que la grenade utilisée ait pu entrainer, sur le corps de Rémi Fraisse, de telles blessures qui ont entrainé sa mort. Et la manifestation de la vérité prend du temps", s'est justifié le magistrat. "Je ne peux pas laisser dire que le temps c'est du mensonge. Le temps, c'est de la rigueur d'analyse. Le temps, c'est de la profondeur d'analyse", a-t-il conclu.
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François Hollande : "toute la vérité sera faite". Invité de TF1 jeudi soir, François Hollande a lui aussi assuré que toute la vérité sera faite sur la mort de Rémi Fraisse. "J'entends ce que demande la famille à travers son avocat : la vérité. J'ai promis la vérité à la famille", a insisté le président. " Je dis à la famille que toute la vérité sera faite et j'en tirerai toutes les conclusions en termes de responsabilités. Parce que je suis le chef de l'Etat et ainsi le garant de l'apaisement", a-t-il assuré.
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