Dominique Venner, essayiste d'extrême droite et opposant au mariage gay s'est suicidé mardi après-midi au sein de la cathédrale Notre-Dame à Paris, selon les informations recueillies par Europe 1. Peu après 16 heures, l'homme a sorti une arme à feu, un pistolet automatique Herstal, et s'est tiré une balle dans la bouche. Un surveillant de l'édifice a procédé à un massage cardiaque en attendant l'arrivée des secours qui ne sont pas parvenus à le sauver. Les enquêteurs ont trouvé sa carte d'identité sur lui.
"Un drame sans précédent". L'édifice a été évacué sans incident. Manuel Valls, qui s'est rendu sur place mardi en début de soirée, refusant d'évoquer un lien entre l'acte de Dominique Venner et son engagement a évoqué un "drame sans précédent" qu'il a qualifié d'acte d'un "homme désespéré". Le ministre de l'Intérieur a enfin tenu à "témoigner (son) soutien, (sa) solidarité et (sa) compassion aux Chrétiens de France".
Opposant au mariage pour tous. Dominique Venner, 78 ans, était un essayiste d'extrême droite, apprécié des milieux nationalistes. Dans le passé, son appartenance à l'OAS, la branche armée des opposants à l'indépendance de l'Algérie, lui a valu un séjour de 18 mois à la prison de la Santé. Passionné d'histoire, Dominique Venner a écrit plusieurs ouvrages, notamment sur la collaboration pendant la seconde guerre mondiale. Récemment, l'homme s'était engagé contre la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe.
Un billet troublant sur son blog. Dominique Venner a publié mardi, jour de son geste, une troublante tribune intitulée "la manif du 26 mai et Heidegger", sur son blog. L'auteur y déclare dans une allusion à la prochaine manifestation des anti-mariage pour tous que "les manifestants du 26 mai auront raison de crier leur impatience et leur colère. Une loi infâme, une fois votée, peut toujours être abrogée".
Dans cette réflexion l'essayiste, auteur d'une encyclopédie sur les armes de chasse, prévient sur "le risque de voir la France tomber aux mains des islamistes". Il estime ainsi "qu'il faudra certainement des geste nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. Nous entrons dans un temps où les paroles doivent être authentifiées par des actes", ajoute-t-il.
"Réveiller les consciences assoupies". Puis évoquant le philosophe allemand Martin Heidegger, Dominique Venner évoque le sens de la vie. Et la mort. "C’est ici et maintenant que se joue notre destin jusqu’à la dernière seconde. Et cette seconde ultime a autant d’importance que le reste d’une vie. C’est pourquoi il faut être soi-même jusqu’au dernier instant ", écrit-il dans ce billet en forme d'épitaphe.
Avant son geste, Dominique Venner a posé une lettre sur l'autel, dans le chœur de la cathédrale. Dans son texte, il revient sur la mise en scène de son suicide "dans un lieu hautement symbolique", écrit-il, estimant que son geste incarne "une étique de la volonté". "Je me donne la mort pour réveiller les consciences assoupies", poursuit l'historien.
L'extrême-droite lui rend hommage. Sur son compte Twitter, la présidente du Front National, Marine Le Pen, a fait part de son respect pour l'homme, en évoquant un "dernier geste, éminemment politique" qui "aura été de tenter de réveiller le peuple de France".
Les tweets de Marine Le Pen :
Il n'en demeure pas moins que c'est dans la vie et l'espérance que la France se redressera et se sauvera. MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 21 mai 2013
Interrogé sur Europe 1, Jean-Marie Le Pen a estimé que le suicide de Dominique Venner est un "geste de désespoir positif". "Je ne voyais pas Dominique Venner depuis des années. Mais c'est un intellectuel, son suicide, surtout dans le lieu où il l'a fait, est évidemment un suicide qui se veut un témoignage, c'est évidemment un geste de désespoir positif", a commenté l'ancien président du FN.
Selon lui, son geste n'est pas tant lié au mariage pour tous mais davantage à la lutte contre l'immigration. Sa motivation c'est l'invasion migratoire massive de la France. C'est un geste à Drieu La Rochelle, à la Mishima à la Montherlant", a-t-il ajouter.
Une veillée organisée à Notre-Dame. Plus tard dans la soirée, une centaine de militants et sympathisants d'extrême-droite se sont rassemblés sur le parvis de Notre-Dame pour rendre hommage à cette figure de leur mouvance. Rassemblés peu avant 20 heures au pied de la statue équestre de Charlemagne, à quelques mètres de l'entrée de l'édifice, ils ont brandi des flambeaux, un drapeau tricolore et écouté un orateur, qui a refusé de s'identifier. "Nous ignorons les motifs profonds de son geste", a-t-il dit, monté sur le piédestal de la statue. "Nous sommes ici pour rendre hommage à son dernier combat (...) Il a toujours défendu la France, belle, forte et fière d'elle-même".