Le cardinal Philippe Barbarin dit avoir été mis au courant des "comportements" d'un prêtre lyonnais, mis en examen pour des agressions sexuelles sur de jeunes scouts entre 1986 et 1991, "vers 2007-2008", dans un entretien à paraître jeudi dans La Croix. "Une personne qui avait grandi à Sainte-Foy-lès-Lyon m'a parlé des comportements du Père Preynat, vers 2007-2008. J'ai alors pris rendez-vous avec lui pour lui demander si, depuis 1991, il s'était passé la moindre chose. Lui m'a alors assuré : "Absolument rien, j'ai été complètement ébouillanté par cette affaire"", indique l'archevêque de Lyon à propos de ce religieux, mis en examen et placé sous contrôle judiciaire le 27 janvier. "Certains me reprochent de l'avoir cru... Oui, je l'ai cru", complète le Primat des Gaules.
"Depuis que je suis évêque, chaque fois qu'on m'a signalé un abus, j'ai réagi dans la seconde, suspendu le prêtre et alerté la justice : c'est arrivé à Lyon en 2007 et en 2014", insiste le cardinal Barbarin.
Des témoignages en 2014. Dans un communiqué diffusé le 12 janvier, le diocèse de Lyon avait indiqué que le cardinal Barbarin avait "reçu les premiers témoignages au sujet de ce prêtre à l'été 2014". Dans l'entretien accordé à La Croix, le cardinal Barbarin précise avoir reçu, en 2014, "une victime venue me raconter des faits aujourd'hui prescrits : j'ai écrit à Rome qui m'a conseillé de le suspendre de ses fonctions malgré les vingt-quatre années écoulées depuis les faits. Ce que j'ai fait".
Le prêtre reconnait les faits. Soupçonné d'agressions sexuelles sur de jeunes scouts il y a plus de 25 ans, le prêtre qui a quitté ses paroisses du Roannais fin août 2015 après avoir été relevé de ses fonctions par le diocèse, a reconnu les faits et a également été placé sous le statut de témoin assisté pour des viols qu'il a avoués en garde à vue.
Selon son avocat, Me Frédéric Doyez, le père Bernard Preynat, aujourd'hui septuagénaire, a déclaré devant le juge "que les faits étaient connus par les autorités ecclésiastiques depuis 1991", date à laquelle il avait été écarté du groupe scout indépendant qu'il encadrait depuis près de 20 ans. Cette mise à l'écart avait été décidé par le cardinal Albert Decourtray à la suite du signalement de parents d'un scout.