Près de huit ans après les attentats djihadistes contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, Ali Riza Polat a été condamné jeudi soir en appel à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité des dix-sept assassinats perpétrés par les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly en janvier 2015 à la rédaction de Charlie Hebdo, à Montrouge et à l'Hyper Cacher.
La cour d'assises spéciale de Paris a assorti cette peine d'une période de sûreté de vingt ans. Les magistrats professionnels ont condamné le second accusé, Amar Ramdani, à treize ans de réclusion, dont deux tiers de sûreté. L'accusation avait requis mardi cette peine maximale - dont vingt-deux ans de sûreté - contre Ali Riza Polat, demandant à la cour de "protéger" la société de cet homme à la "dangerosité extrême", toujours "ancré dans un islamisme radical".
"Si j'avais fourni les armes, j'aurais assumé"
À l'énoncé du verdict, Ali Riza Polat, large carrure dans un sweat-shirt blanc, s'est levé et a fait mine de quitter le box, avant de se rasseoir. Dans ses derniers mots à la cour avant qu'elle ne se retire pour délibérer, le Franco-Turc de 37 ans avait clamé une dernière fois son innocence, répétant qu'il n'était "pas un terroriste". Se présentant volontiers comme un voyou qui "aime l'argent", ce proche du tueur de l'Hyper Cacher Amedy Coulibaly a juste reconnu avoir récupéré un sac d'armes "pourries" à l'été 2014, en assurant qu'elles n'étaient pas destinées aux attentats mais à un "braquage".
"Si j'avais fourni les armes, j'aurais assumé", a-t-il affirmé. En première instance, en décembre 2020, la cour n'avait pas suivi les réquisitions du parquet et prononcé une peine de trente ans de réclusion à son encontre. Le second accusé rejugé avec Ali Riza Polat depuis le 12 septembre, Amar Ramdani, 41 ans, a été condamné à treize ans de prison, dont deux tiers de sûreté, pour avoir fourni des armes à Amedy Coulibaly. Il avait écopé de la peine maximale, vingt ans de réclusion, il y a deux ans.
Pendant trois jours de terreur, du 7 au 9 janvier 2015, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly avaient visé la liberté d'expression, les forces de l'ordre et la communauté juive, et créé un électrochoc en France. Ces attentats ont marqué le début d'une funeste série d'attaques jihadistes, avec celle du 13-Novembre dont le procès s'est achevé en juin et celle de la promenade des Anglais à Nice actuellement jugée au sein du même palais de justice.