Depuis lundi la cour criminelle de Vaucluse n'a fait qu'effleurer les faits reprochés aux sept hommes dont les cas sont examinés cette semaine, la septième depuis l'ouverture le 2 septembre de ce procès emblématique des violences sexuelles faites aux femmes.
Des experts pour dresser le portrait psychologique des accusés
Enquêteurs de personnalité, psychiatres, psychologues et proches des accusés se sont d'abord succédé pour évoquer les portraits et parcours de vie de ces sept hommes âgés de 36 à 70 ans, qui doivent être interrogés sur les faits mercredi après-midi et jeudi.
Autant d'éléments qui permettront aux six magistrats, en cas de culpabilité avérée, de déterminer la lourdeur des peines à prononcer lorsqu'ils rendront leur verdict à la mi-décembre. Poursuivis pour la plupart pour viols aggravés, les accusés risquent jusqu'à 20 ans de prison.
Mercredi matin, c'était au tour de Redouane A., 40 ans, alias "Miloud", accusé d'avoir violé à deux reprises Gisèle Pelicot à Mazan (Vaucluse) à l'invitation de son mari, Dominique Pelicot, qui a reconnu l'avoir droguée à son insu pour la violer et la faire violer pendant 10 ans par des dizaines d'hommes rencontrés via le site coco.fr, fermé depuis par la justice.
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Un homme "impulsif, irritable"
Abandonné par sa mère, Redouane A. a grandi dans des cités et a arrêté l'école à 16 ans. Père de quatre enfants, né de deux mariages, il a cumulé plus de sept années de détention pour violences conjugales.
Et il nie la qualification de viol, l'accord du mari étant selon lui "suffisant", a expliqué la psychiatre qui l'a examiné, le Dr Françoise Causse, décrivant un homme "impulsif, irritable, avec une tendance à se placer en victime, à la manipulation et au mensonge, avec un mépris total de l'autre, une recherche de son plaisir propre et une considération archaïque" de la place de la femme.
Un portrait dénoncé comme un "réquisitoire" par l'avocat du quadragénaire. Bien qu'il dise toujours "entendre des voix", Rédouane A. souffre seulement d'un "trouble de la personnalité" et non d'une pathologie schizophrénique qui aurait "aboli ou altéré son discernement", a insisté la médecin.
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"Monsieur Tout-le-monde"
Ahmed T., 54 ans, comparaît lui libre. Sans casier judiciaire, il vit depuis plus de 30 ans avec Christel, la mère de ses trois enfants. Plombier, il a connu la réussite professionnelle, a "très bien gagné sa vie" et a pu "acquérir sa propre maison à 25 ans". Sportif, il a aussi dirigé son propre club de boxe.
En juin 2019, lorsqu'il se rend chez le couple Pelicot, "ça faisait deux ou trois ans qu'avec mon épouse on avait beaucoup moins de relations", explique-t-il. Il commence alors à fréquenter coco.fr, officiellement pour "échanger sur la musique, les vieilles voitures". Et la première rencontre qu'il y fait pour une relation sexuelle, "c'est avec Monsieur Pelicot", affirme-t-il, assurant ne "jamais (avoir) imaginé rencontrer un personnage aussi dangereux".