Il en est à sa deuxième évasion rocambolesque. Le 13 avril 2013, Redoine Faïd, détenu pour un braquage mortel, s'était échappé de la prison de Sequedin, en moins d'une demi-heure : prenant quatre surveillants en otages, il avait fait exploser cinq portes au plastic avant d'être récupéré par un complice en voiture. Repris et à nouveau condamné, le braqueur s'est cette fois fait la belle par les airs : dimanche, trois hommes lourdement armés l'ont extrait du centre pénitentiaire de Réau, au moyen d'un hélicoptère. Alors que le récidiviste n'a toujours pas pu être localisé par les quelque 2.900 policiers à sa recherche, lundi, Europe 1 revient sur d'autres évasions qui ont marqué l'histoire criminelle française.
Antonio Ferrara : le "roi de la belle"
Fiché au grand banditisme depuis le milieu des années 1990 et son premier braquage à main armée à la Société générale de Soisy-sur-Seine, Antonio Ferrara est arrêté pour la première fois en 1997. Incarcéré à Fleury-Mérogis, il se tient tranquille pendant quelques mois avant de profiter d'un transfert à l'hôpital de Corbeil-Essonnes pour concrétiser la première évasion d'un parcours qui deviendra légendaire. Ses complices braquent alors les surveillants en pleine salle d'attente et repartent sans violence. En cavale pendant quatre ans, "Nino" fourbit ses techniques de braquage des fourgons blindés et vit tranquillement dans l'Essonne, sous un nom d'emprunt.
Mais, de nouveau interpellé, il repasse par la case prison. Ultra-surveillé, l'homme passe alors par la Santé, puis Fresnes… D'où il réussit ce qui restera comme l'évasion "du siècle". Cette fois armés de lance-roquettes et de fusils d'assaut, déguisés en policiers, ses complices s'attaquent sans complexe à l'un des établissements les plus sûrs de France, tandis que l'Italien fait lui-même sauter les barreaux du mitard où il se trouve… Légendaire, la fuite ne durera "que" quatre mois : malgré ses cheveux décolorés et son nez refait, le "roi de la belle" est repris pour de bon. Il est, aujourd'hui encore, l'un des détenus les plus surveillés de France.
Pascal Payet : trois évasions au compteur
Octobre 2001. Finalement arrêté pour sa participation à un braquage mortel, après des années de "coups" sans se faire arrêter, Pascal Payet, figure du grand banditisme, est incarcéré à la maison d'arrêt de Luynes, dans les Bouches-du-Rhône. L'homme sait qu'il encourt la perpétuité et décide de s'évader par hélicoptère, avec la complicité d'anciens co-braqueurs… Le scénario fonctionne et aurait pu s'arrêter là, mais il connaîtra deux rebondissements. D'abord en 2003, lorsque l'homme, toujours en cavale, se fait complice d'une autre évasion - toujours par les airs ! -, pour libérer deux de ses "copains" condamnés pour le casse de la Banque de France. Puis, en 2007 : finalement rattrapé, Pascal Payet purge sa peine à Grasse, sous le statut de détenu particulièrement signalé, lorsque quatre hommes détournent un hélicoptère pour venir le chercher sur le toit de la prison, le jour de la fête nationale. Ses exploits trouvent finalement un point final en Espagne, où il est arrêté quelques jours plus tard.
Juliano Verbard : en cavale sur une île
L'administration pénitentiaire ne l'a pas vu venir : comment espérer s'évader durablement d'une prison située sur une île ? En avril 2009, c'est pourtant ce que tente de faire Juliano Verbard, auto-surnommé "Petit Lys d'amour" et chef d'une secte condamnée, notamment, pour viols sur mineurs. Grâce à trois complices qui braquent un pilote d'hélicoptère, l'homme, qui purge une peine de quinze ans de rétention à La Réunion, s'échappe avec deux codétenus. L'engin se pose quelques centaines de mètres plus loin et une camionnette prend le relais… La cavale durera (tout de même) quelques jours. Repris, le gourou sera transféré en métropole - où les évasions par hélicoptère sont plus courantes : on en recense environ une vingtaine depuis 1981.
Ouaihid Ben Faïza : un commando armé à l'hôpital
4 juin 2014. Ouaihid Ben Faïza, la quarantaine, passe un examen ophtalmologique à l'hôpital de Saint-Denis. Condamné pour trafic de stupéfiants, l'homme est connu pour son rôle, et celui de sa famille, dans la gestion de différents trafics de drogues à la Courneuve, en banlieue parisienne. Il est incarcéré depuis trois ans à la prison de Villepinte, à une vingtaine de kilomètres de là. Son rendez-vous terminé, son escorte le raccompagne jusqu'au fourgon de l'administration pénitentiaire lorsque cinq hommes en blouses blanches, munis d'armes de poing, font irruption sur le parking. Les complices gazent les surveillants à la bombe lacrymogène et embarquent le détenu à bord d'un véhicule utilitaire. Celui-ci sera rattrapé deux semaines plus tard, dans un hôtel proche de l'aéroport du Bourget… Puis niera toute implication dans le plan de son évasion à son procès, déclarant simplement : "j'ai eu l'occasion de partir et instinctivement, j'ai couru".
Pas de spectacle mais de la ruse…
Moins époustouflantes, certaines évasions sont restées célèbres pour leur ingéniosité. C'est le cas de celle de trois détenus fichés au grand banditisme, Francis Mariani, Pierre-Marie Santucci et Maurice Costa, échappés en 2001 de la maison d'arrêt de Borgo, en Corse grâce à… de fausses levées d'écrou, envoyées par fax. Leur cavale durera quelques mois. Un an plus tard, un membre présumé de l'organisation séparatiste basque ETA, Ismael Berasategui Escudero, opte pour une autre option culottée : pour s'évader de la Santé, à Paris, il se fait simplement remplacer par son frère au parloir.