Les investigations se poursuivent, mardi, près de 72 heures après la disparition de Maëlys, neuf ans. La thèse d'une fugue de la fillette, aperçue pour la dernière fois samedi soir à une fête de mariage en Isère, est jugée peu probable au vu du temps écoulé. Les enquêteurs envisagent toujours celle de l'accident et continuent de fouiller les abords de la salle des fêtes, mais considèrent également celle de l'enlèvement, de plus en plus "probable", selon une source proche du dossier. Le cercle des recherches et des personnes interrogées a été élargi.
- Que s'est-il passé samedi soir ?
Maëlys de Araujo, 1m30 et 28 kg, la peau mate, les yeux marrons et les cheveux châtains, qui portait une robe sans manches et des nu-pieds de couleur blanche, assistait, comme 180 autres invités dont ses parents, à une réception de mariage dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, dans le nord de l'Isère. La fillette a été vue pour la dernière fois vers 3 heures du matin. Dès sa disparition remarquée, "l'ensemble des personnes encore présentes à la fête ont engagé des recherches, qui sont restées vaines", a indiqué la procureur de la République à Bourgoin-Jallieu, Dietlind Baudoin, refusant de préciser si une baby-sitter était chargée de surveiller les enfants. Un appel a été diffusé au micro par le DJ de la soirée.
Vers quatre heures du matin, les parents de l'enfant ont alerté la gendarmerie. Cette dernière a mis en place "un dispositif qui est monté en puissance tout au long de la journée" de dimanche, selon le parquet. Près d'une centaine de militaires équipés de maîtres chiens et d'hélicoptères ont exploré les alentours de la salle, appuyés par des équipes de spéléologie et des pompiers.
- Qu'ont découvert les enquêteurs ?
Les recherches, tout comme l'appel à témoin de la gendarmerie, n'ont pour l'instant pas permis de découvrir d'élément tangible selon la procureur. Cette dernière a cependant révélé une piste qui pourrait faire avancer l'enquête : le résultat du travail des trois chiens pisteurs mobilisés par les militaires. À chaque fois, "le chien ne va pas au-delà de l'enceinte de la salle polyvalente", comme si la trace de la fillette s'y arrêtait. "On ne peut pas en tirer quelque conclusion que ce soit", selon Dietlind Baudoin. Mais "une des hypothèses analysées peut être un départ en véhicule de la petite Maëlys", a précisé mardi le lieutenant-colonel Didier Plunian, commandant de la section de recherche de Grenoble.
Les enquêteurs ont également établi qu'une deuxième fête se tenait dans une autre salle "située à 350 m" au moment des faits, et une troisième "dans un bar à 500 m". Tandis que les gendarmes ont auditionné 140 des invités du mariage, ils recensent donc actuellement les personnes présentes dans ces deux autres lieux, qui devraient également être entendues. Au total, 250 personnes sont concernées selon les gendarmes.
- Quelle piste est privilégiée ?
"Nous n'excluons pas la thèse accidentelle, mais la piste criminelle (au sens de l'enlèvement, ndlr), n'est plus écartée", a affirmé la procureur mardi après-midi, confirmant que des perquisitions avaient été menées. "Il s'agit d'investigations exploratoires à proximité, mais simplement pour fermer des portes, il ne faut en tirer aucune conclusion hâtive", a-t-elle poursuivi. "Je n'ai aucune suspicion particulière, il n'y a pas lieu d'en avoir."
Plus tôt mardi, une source proche du dossier avait estimé qu'au vu de l'ampleur des recherches, "chaque heure qui passe accrédite la thèse criminelle", et notamment celle d'un départ en voiture. Lundi, l'enquête ouverte par le parquet l'a été sous la qualification d'enlèvement. Mardi, les investigations se poursuivaient sur le terrain, notamment autour de la végétation et des points d'eau autour de la salle des fêtes.
Pourquoi l'alerte enlèvement n'a-t-elle pas été déclenchée ?
C'est une question souvent soulevée depuis l'ouverture d'une enquête pour "enlèvement", lundi. La réponse se trouve sur le site du ministère de la Justice. Pour lancer une alerte enlèvement, quatre critères doivent être réunis : l'enlèvement doit être avéré (et pas une disparition inquiétante), la victime doit être mineure, la vie ou l'intégrité physique de l'enfant doit être en danger et le procureur doit disposer d'informations "dont la diffusion peut permettre la localisation de l'enfant et/ou de son ravisseur".
Dans le cas de Maëlys, le ravisseur, si la fillette a bien été enlevée, n'est pas identifié. Impossible donc de diffuser sa photo, comme c'est en général le cas lors du lancement de cette procédure. L'alerte doit en outre être déclenchée rapidement, or l'enlèvement n'a pas immédiatement semblé "avéré" aux enquêteurs, qui pouvaient exploiter la piste de l'accident ou de la fugue.