On les appelle les "marcheuses". Ces prostituées chinoises du quartier de Belleville sont en fait des mères de famille, d'anciennes ouvrières de 40 à 50 ans, qui ont quitté la Chine pour trouver une vie meilleure. La police judiciaire vient d'arrêter un groupe de huit proxénètes présumés - quatre hommes et quatre femmes - soupçonnées de les exploiter. Sept d'entre eux sont en détention provisoire.
Des femmes "complètement démunies". "On a identifié une cinquantaine de victimes, toutes Chinoises", explique le commissaire Christophe Hirschmann, chef adjoint de la Brigade de répression du proxénétisme (BRP) à Paris. "En règle générale, elles viennent en France pour travailler, mais dans des domaines traditionnels que sont la restauration ou la confection. Ces femmes, complètement démunies, souvent illettrées, qui n'ont pas de repères dans la société française et qui ne parlent pas français, sont essentiellement originaires de la province du Liaoning, au nord-est de la Chine. Elles vont se voir proposer cette activité 'prostitutionnelle' pour gagner davantage d'argent, qui sera ensuite envoyé à la famille restée en Chine."
Petits tarifs et grands loyers. Lors de leurs auditions, ces "marcheuses" ont affirmé réaliser six à dix passes par jour, monnayées 20 à 40 euros, des tarifs plus bas que ceux pratiqués habituellement sur la voie publique, selon la BRP. Les proxénètes mettaient à leur disposition des appartements et leur prenaient jusqu'à 1.000 euros par mois pour les loger dans des dortoirs de douze personnes.