Deux militants de l'association de défense des animaux L214 seront jugés lundi à Versailles pour s'être introduits en décembre dans l'abattoir de Houdan, en région parisienne, et y avoir placé des caméras filmant notamment l'étourdissement des porcs au CO2, dont des images ont été diffusées jeudi. Les deux hommes, dont Sébastien Arsac, cofondateur de L214, comparaîtront devant le tribunal correctionnel pour "violation de domicile" et "tentative d'atteinte à la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l'image".
Un stratagème démantelé. L'association, qui milite pour l'abandon de tout produit animal dans l'alimentation, avait caché en décembre des caméras dans l'abattoir Guy Harang de Houdan (Yvelines), notamment sur une nacelle descendant les cochons dans le puit où ils sont étourdis au CO2 avant d'être saignés. Mais son stratagème avait été éventé quand une caméra s'était décrochée, et les gendarmes avaient interpellé les deux militants alors qu'ils venaient récupérer leur matériel, cagoulés, dans la nuit du 12 au 13 décembre. L'abattoir avait porté plainte.
"Une méthode d'étourdissement longue et douloureuse". Si ses caméras avaient été saisies, L214 a publié jeudi des vidéos montrant la souffrance des porcs dans ce puits à CO2, expliquant les avoir récupérées dans le dossier pénal, une source proche de l'enquête affirme de son côté que ces images "ne semblent pas issues du dossier judiciaire". On y voit des cochons suffoquer au cours de leur descente dans le puits, être pris de convulsions, paniquer bruyamment. L214 dénonce "une méthode d'étourdissement systématiquement longue et douloureuse", et considère que la configuration de la machine utilisée à Houdan "conduit à rallonger la descente dans le puits et donc la durée de l'asphyxie". "La monstruosité des images révélées permet de démontrer toute la légitimité de l'action menée par L214", estime M. Arsac, cité dans un communiqué de l'association.
Une plainte déjà déposée pour maltraitance. En février, L214 avait diffusé des vidéos tournées fin novembre et début décembre, vraisemblablement par une personne travaillant dans l'abattoir, montrant des porcs poussés vers une rampe par un ou des employés les frappant et leur administrant des chocs électriques. L'association avait porté plainte pour "maltraitance" contre l'abattoir, qui emploie quelque 90 personnes et abat 2.500 porcs par semaine. Une enquête est en cours et l'employé mis en cause a été écarté de ce poste.