Tout tend "à démontrer l'implication de Samuel Gonin" dans la disparition de Lina, l'adolescente disparue il y a un an en Alsace, a déclaré jeudi le procureur de la République par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier. Le nom de Samuel Gonin, principal suspect dans la disparition de l'adolescente de 15 ans, avait fait surface fin juillet après la découverte de l'ADN de Lina dans une voiture qu'il conduisait.
L'homme qui s'est suicidé à Besançon en juillet dernier était bien le conducteur d'un véhicule géolocalisé sur les lieux mêmes de la disparition de l'adolescente alors âgée de 15 ans, a expliqué lors d'une conférence de presse le procureur de la République par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier. "Il apparaît que ce véhicule se trouvait précisément sur le lieu exact de la disparition de Lina et qu'il se trouvait dans la période de temps où elle a disparu", a-t-il souligné. Le portable de la jeune fille avait cessé de borner très exactement à 11h22 le 23 septembre 2023, alors qu'elle se rendait à pied de Plaine à Saint-Blaise-la-Roche (Bas-Rhin) le long d'une route départementale.
>> LIRE EGALEMENT - Disparition de Lina : «Nous avons besoin de connaître la vérité», à Sainte-Blaise-La-Roche, des habitants dans l'attente
Les investigations en détail
Or, "on a deux points de géolocalisation" du véhicule du suspect, "respectivement, à 11h20 et 11h26, donc à proximité immédiate du lieu de disparition de Lina", a déclaré Monsieur Chevrier. Le véhicule, une Ford Puma, "est filmé par une caméra à hauteur de la rue des Princes à Plaine, le jour de la disparition de Lina, à 11h13 précisément", a-t-il souligné.
Lina s'est volatilisée le 23 septembre 2023 en fin de matinée. Elle avait quitté son domicile de Plaine, au pied du massif des Vosges, pour se rendre à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, distante d'environ trois kilomètres. Elle devait prendre le train pour retrouver son petit ami à Strasbourg. Malgré plusieurs battues menées les jours suivants, aucune trace de l'adolescente n'avait été trouvée. Le 1er octobre 2023, une information judiciaire a été ouverte des chefs d'enlèvement et de séquestration criminelle.
"Les investigations ont permis d'établir que Samuel Gonin était le conducteur de la Ford Puma le jour des faits, soit le 23 septembre 2023", a assuré Chevrier. Le suspect a en effet commis un vol d'essence à 9h23 précisément dans une station service près de Fribourg en Allemagne. "Il est seul à bord à ce moment précis", a indiqué le procureur. "Il n'y a absolument aucun doute sur l'identité de Samuel Gonin et sur le fait qu'il était seul à ce moment précis, donc environ deux heures avant la disparition de Lina", a-t-il dit.
De l'ADN retrouvé
L'enquête de longue haleine a connu un tournant le 26 juillet dernier, avec l'annonce par le parquet d'une "avancée majeure": la découverte près de Narbonne de l'ADN de Lina dans une voiture volée. Malgré plusieurs battues menées les jours suivants dans les Vosges, en Haute-Saône et dans le Morvan, aucune trace de l'adolescente n'avait été trouvée. L'ADN de Lina et celui de Samuel Gonin ont été retrouvés sur des cordes présentes dans le coffre de la voiture, "ce qui tend à démontrer qu'à un moment ou à un autre, Lina a été ligotée", selon le procureur.
L'ADN de Lina a été retrouvé en différents endroits du véhicule: sur les sièges arrière, au niveau de la ceinture de sécurité de la place arrière centrale, et également sur la partie rouge du système de retenue de la boucle de la ceinture passager arrière droit, selon M. Chevrier. Le sac à main de Lina a également été retrouvé dans la boîte à gants, "contenant diverses affaires, un miroir, des faux-cils, de la colle à faux-cils, la coque de son téléphone portable et ses écouteurs".
"Des moyens conséquents demeurent mobilisés" pour retrouver Lina, a assuré M. Chevrier, remarquant qu'un "certain nombre de questions sont susceptibles de rester sans réponse du fait du décès de Samuel Gonin", qui s'est suicidé le 10 juillet. Les enquêteurs cherchent à savoir s'il a pu commettre d'autres faits, selon le procureur. "J'ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité, je dois partir. Je ne sais pas me contrôler, ça va trop vite", a laissé dans de derniers écrits cet homme qui aurait dû comparaître le 22 juillet pour deux vols avec violence commis le 25 août 2023 à Besançon.