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Drame du Cuba Libre : trois ans ferme pour les deux gérants

Europe1.fr avec AFP - Mis à jour le . 3 min
Ophélie, l'une des victimes du Cuba libre, y était venue fêter son 20ème anniversaire.
Ophélie, l'une des victimes du Cuba libre, y était venue fêter son 20ème anniversaire. © CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Quatorze personnes avaient perdu la vie lors d'un incendie survenu au cours d'une fête d'anniversaire dans le bar rouennais le Cuba Libre, en août 2016.

Les deux gérants du Cuba Libre, où quatorze personnes sont mortes asphyxiées dans un incendie en août 2016, ont été condamnés mardi à cinq ans de prison, dont trois ferme, par le tribunal correctionnel de Rouen où s'est tenu ce procès poignant, marqué par le récit glaçant des survivants .

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Les prévenus "ont violé plusieurs obligations de prudence ou de sécurité imposées par la loi et le règlement. Ces violations sont à l'origine de l'incendie qui est la cause directe et certaine" des décès, a affirmé la présidente du tribunal.

"Une somme de manquements en matière de sécurité"

Si les deux hommes, condamnés également à une interdiction de gérer un établissement recevant du public, n'ont pas été placés sous mandat de dépôt, la peine de prison ferme "n'est pas aménageable", a-t-elle précisé. Le parquet avait requis quatre ans de prison ferme à l'encontre de ces deux frères âgés de 40 et 48 ans , estimant que leur établissement situé à Rouen n'était "qu'une somme de manquements en matière de sécurité".

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Nacer et Amirouche Boutrif, qui avaient comparu libres au procès qui s'est tenu du 9 au 16 septembre, étaient jugés pour "avoir involontairement causé la mort" de quatorze personnes, essentiellement des jeunes de 18 à 25 ans, et en avoir involontairement blessé cinq autres grièvement.

"J'ai aperçu le feu dans la cage d'escalier. Il était trop tard pour l'éteindre"

Le 5 août 2016, des amis fêtaient les 20 ans d'Ophélie dans le sous-sol de 24 m2 de ce bar de Rouen aménagé sans autorisation en boîte de nuit et dont la porte de secours était fermée, lorsque deux bougies du gâteau d'anniversaire, des fontaines à étincelles, ont enflammé le plafond de l'escalier.

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Les plafonds de cette cave où avaient régulièrement lieu des fêtes d'anniversaire étaient recouverts de plaques de mousse en polyuréthane insonorisante, matière extrêmement inflammable , ce qui a entraîné une propagation rapide des flammes.

Gauthier, 20 ans, un des trois "miraculés" du Cuba Libre, avait raconté cette terrible soirée à la barre. "J'ai aperçu le feu dans la cage d'escalier. Il était trop tard pour l'éteindre. Plusieurs personnes dont moi se sont précipitées vers la porte de l'issue de secours pour l'ouvrir mais ça n'a pas ouvert", avait-il dit. Lors de la lecture du jugement, la présidente a estimé qu'"il n'était ni nécessaire, ni réglementaire que cette porte soit verrouillée". 

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"Pas le hasard"

Les parties civiles ont pointé la responsabilité directe des deux gérants dans le drame. "Dans ce dossier, on ne peut pas dire 'c'est la faute à pas de chance'. Ce n'est pas le hasard. Les quatorze décès sont dus à une succession de fautes toutes aussi coupables les unes que les autres", avait estimé Me Rose-Marie Capitaine, avocate des familles de Florian, Donatien et Maverick, tous trois décédés dans l'incendie.

Les avocats de la défense avaient, eux, essayé d'élargir le périmètre des responsabilités. Me Akli Aït Taleb, l'avocat de Nacer Boutrif, avait ainsi affirmé que "dès 2014, les policiers savaient ce qu'il se passait dans les sous-sol du Cuba Libre". "Le maire doit veiller au contrôle des établissements recevant du public", avait-il également déclaré, soulignant que l'établissement n'avait "jamais fait l'objet d'un quelconque contrôle de la police municipale".

Les gérants n'avaient pas de casier judiciaire

Nacer, gérant principal du bar, sans casier judiciaire comme son frère cadet, a admis devant le tribunal des manquements aux règles , après avoir racheté l'établissement en 2003. Il avait ainsi reconnu ne pas avoir entrepris de démarches auprès de la mairie avant d'aménager le sous-sol du Cuba Libre.

Peu après le drame, la ville de Rouen avait décidé la fermeture totale ou partielle d'une dizaine de bars musicaux pour non-respect des normes de sécurité.