Euro 2016 : quel dispositif de sécurité face aux supporters à risque ?

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C.P.-R. , modifié à
Samedi soir, le premier match à risque de l'Euro 2016, Angleterre-Russie, se jouera au Vélodrome, à Marseille. Un match sous haute-surveillance.  

Avant même que ne soit donnée l'ouverture du championnat d'Europe de football, des échauffourées impliquant des supporters anglais ont éclaté sur le Vieux-Port de la cité phocéenne, dans la nuit de jeudi à vendredi. Et de nouveaux incidents ont eu lieu, vendredi soir, cette fois face à la police. A-t-on là un avant-gout de la rencontre Angleterre-Russie, qui aura lieu samedi soir au Vélodrome ?

Premier match à risque de la compétition, classé niveau 3 sur 4, il suscite déjà les inquiétudes. Mais si la menace terroriste préoccupe les esprits, la lutte contre les hooligans n'a pas pour autant été laissée de côté dans l'organisation de l'Euro 2016. Europe 1 fait le point sur le dispositif de sécurité mis en place et auquel participent près de 200 policiers étrangers en collaboration avec la police française.

Cinq matches évalués à risque. Tout d'abord, et même si la liste n'est pas officielle, il faut savoir que sur les matches du premier tour de la compétition, cinq ont été identifiés à hauts risques et feront l'objet d'une attention accrue de la part des services de sécurité. Le premier d'entre eux, Angleterre-Russie, aura donc lieu samedi à Marseille. Suivi de Turquie-Croatie, dimanche 12 juin à Paris, Allemagne-Pologne au Stade de France et Angleterre-Pays de Galles à Lens, le jeudi 16 juin, et Ukraine-Pologne le mardi 21 juin à Marseille.

Un centre de coopération internationale. Fraîchement inauguré par le ministère de l'Intérieur, mardi, un centre de coopération policière internationale (CCPI) fonctionnant 24h/24 a été mis en place pour prévenir tout débordement lié au hooliganisme. Installée à 25 kilomètres de la capitale, à Lognes, en Seine-et-Marne, cette structure accueille au moins deux policiers de chacun des 23 pays à l'affiche du championnat, indique-t-on au service d'information et de communication de la police nationale (Sicop).

Ces officiers de liaison travaillent aux côtés d'une dizaine de fonctionnaires rattachés à la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNHL), créée en France en 2009, mais aussi d'agents d'Interpol et d'Europol. En contact à la fois avec l'Etat-major de leur pays, qui peut par exemple les alerter du départ d'un car de 300 supporters en direction de la France, ces officiers seront également en relation soutenue avec les "spotters", des physionomistes spécialisés dans la lutte contre le hooliganisme.  

Les "spotters" sur la trace des supporters. La présence de "spotters" n'est pas un phénomène nouveau. Le dispositif a déjà été mis en place lors de l'Euro 2012 ou de la coupe du Monde 2014 et existe au cours de l'année sur les matches à risque de Ligue 1 ou Ligue des Champions, par exemple. Présents sur place aux abords des stades ou fan zones, encadrés par des policiers français, "ces spotters connaissent les supporters et savent identifier les troubleurs de fête, les fauteurs de troubles, explique-t-on au Sicop. Ils vont pouvoir les signaler à Lognes, qui va ensuite faire remonter l'information à la DNHL".

Chaque pays compétiteur a envoyé six "spotters", qui seront chargés durant tout le championnat de suivre les équipes nationales sur chacun de leur match. Un vrai marathon jusqu'à l'élimination ou la victoire finale. Outre ce rôle de prévention et de repérage, ils pourront aussi guider les ressortissants de leur pays au cours de la compétition, identifiables par leurs uniformes.

3.000 interdictions de territoire. D'autre part, pour éviter un afflux massif de supporters prêts à en découdre, la France a pris les devants en interdisant de territoire quelque 3.000 supporters étrangers, connus dans leur pays comme violents. L'Angleterre, elle, a même confisqué les passeports de certains ultras ou hooligans pour leur empêcher tout déplacement : 3.000 Anglais ont fait l'objet de cette mesure.
 
Enfin, si la sécurité de l'Euro 2016 fait évidemment l'objet d'une mobilisation accrue, la mise en place depuis octobre 2009 d'une police spécifique en France semble avoir découragé nombre d'"ultras" et de hooligans. Ainsi, selon le service d'information et de communication de la police nationale, le nombre de policiers mobilisés sur les surveillances de matchs de Ligue 1 a baissé de 41,7% de 2010 à 2015.