"Une sécurité maximale". C'est la promesse faite par le président François Hollande quant au déroulement de l'Euro 2016 de football, qui se tiendra en France jusqu'au 10 juillet. Une promesse, qui tente de rassurer dans un climat "de tension et de forte exigence sécuritaire", selon les mots du préfet de police de Paris. D'ailleurs, 56 % des Français affirment qu'ils se renseigneront sur le dispositif de sécurité avant d'assister à un match dans un lieu public, et un sur deux qu'il est risqué de se rendre au stade, selon un baromètre de Fiducial et Odoxa sur la sécurité des Français. Alors que le coup d'envoi de la troisième compétition sportive mondiale est donné vendredi, Europe 1 en profite pour faire le point.
Le spectre du terrorisme. Durant un mois, la sécurité des spectateurs et supporteurs de l'Euro 2016 va être au cœur des préoccupations. Le 10 mai dernier à l'Assemblée nationale, le directeur de la DGSI Patrick Calvar déclarait : "Nous savons que Daech planifie de nouvelles attaques […] et que la France est clairement visée." Si le n°1 du renseignement intérieur français n'évoquait pas spécifiquement le championnat de football, et qu'"aucune menace directe n’a à ce jour été détectée", selon le gouvernement, Patrick Clavar décrivait "une nouvelle forme d’attaque". Celle-ci pourrait se manifester par 'le dépôt d’engins explosifs dans des lieux où est rassemblée une foule importante, ce type d’action étant multiplié pour créer un climat de panique".
De quoi susciter des inquiétudes au vu des rassemblements de grande ampleur qui vont avoir lieu. D'autant que l'Etat Islamique a récemment menacé les États-Unis et l'Europe d'attaques au cours du mois du jeûne musulman. Mardi, le ministère britannique des Affaires étrangères a mis en garde ses ressortissants se rendant en France, "pointant l'ombre "d'une forte menace terroriste". La semaine précédente, les Etats-Unis avaient déjà averti que "les stades de l'Euro, les 'fan zones' et tous les lieux qui diffuseront le tournoi en France" représentaient une "cible potentielle".
Un dispositif de sécurité conséquent. A ces craintes sans précédent répond un dispositif de sécurité inédit. Les autorités françaises l'assurent : tous les moyens ont été pris pour faire face à la menace "élevée". "Nous faisons tout pour éviter une attaque terroriste, et nous nous préparons également à y répondre", a affirmé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Au total, pas moins de 90.000 personnes vont être réparties sur le territoire pour veiller au bon déroulement du championnat européen à l’occasion des 51 rencontres organisées dans les stades des dix villes hôtes. Parmi elles, plus de 77.000 policiers, gendarmes et CRS, et une partie des 10.000 soldats de l'opération Sentinelle - versant militaire de Vigipirate -, ainsi que 1.000 secouristes bénévoles. Et lundi, le préfet de police de Paris a annoncé que 3.000 policiers supplémentaires seraient mobilisés pour surveiller la capitale. Bien sûr, les unités d'élite de la police et de la gendarmerie, Raid et GIGN, seront elles engagées aux abords des événements, prêtes à intervenir.
Et depuis deux mois, une trentaine d'exercices grandeur nature ont été réalisés par les forces de l'ordre et les secours lors de scénarii divers (fusillades, explosions dans des fan zones ou des stades, etc.). La dernière simulation d'attentat a eu lieu à Lyon, mardi dernier. Parmi les configurations envisagées, celle d'une attaque au drone a même fait l'objet, en avril dernier, d'un exercice au stade de Saint-Etienne, qui accueillera quatre matches pendant la compétition. "Un dispositif anti-drone assez conséquent et innovant" sera mis en place, indique Ziad Khoury, responsable de la sécurité de l'événement. Au-delà de la menace d'attentat, les autorités devront gérer la possibilité de débordements provoqués par des supporteurs violents. Pour aider à traquer les hooligans, quelque 180 policiers de 23 pays participant à l'Euro ont donc été appelés en renfort.
Les fan zones, points sensibles. Parmi les lieux à risques, les fan zones sont particulièrement pointées du doigt. Les Français eux-mêmes sont inquiets puisqu'ils sont 66% à considérer qu'il est risqué de se trouver dans un tel espace, contre seulement "51%" dans un stade. Pour les dix sites aménagés sur le territoire, le gouvernement a décidé d’accorder une participation exceptionnelle de huit millions d’euros, dont deux millions consacrés à la vidéo-protection.
Policiers et gendarmes se trouveront en nombre en "protection périphérique" de ces espaces conçus pour accueillir des milliers de supporteurs autour d'un écran géant. Ils pourront intervenir à l'intérieur si besoin, tandis que des agents de sécurité y seront affectés en permanence. Des points de pré-filtrage sont prévus en amont. Enfin, l'interdiction de retransmettre les matches ne touche ni les cafés ni les terrasses, contrairement à ce qu'a annoncé jeudi Thierry Braillard, le secrétaire d'Etat chargé des sports. Elle concerne en revanche toute diffusion sur écran géant en dehors des fan zones et des lieux fermés, afin d'éviter former des "regroupements sur la voie publique et de garantir les meilleures conditions de sécurité", précise-t-on dans l'entourage de Patrick Kanner, ministre des Sports.
Les dispositions à prendre en tant que spectateur.Compte tenu des mesures de sécurité - dont les fouilles et palpations - et des difficultés de transport liées au nombre d'usagers et aux grèves, il est conseillé d'arriver bien en avance avant chaque match, tant dans les stades que les fan zones. "Il faut que ceux qui vont au stade viennent le plus tôt possible", a déclaré Alain Krakovitch de la SNCF. Pour le premier match, vendredi soir, le Stade de France ouvrira d'ailleurs à 18 heures, soit trois heures avant le coup d'envoi de France-Roumanie. Cible de l'une des attaques terroristes simultanées le 13 novembre dernier, le SDF comptera huit zones de pré-filtrage, en sus de six points d'entrée dans le périmètre.
Des transports en commun renforcés. Côté transports, la RATP a annoncé en début de semaine qu'elle renforcerait son offre de métros et de RER dans la capitale, les jours de matches, afin d'assurer et de faciliter les déplacements des centaines de milliers de supporteurs. Pour les cinq matches prévus au Parc des Princes, la RATP prévoit des trains supplémentaires sur les lignes 9 et 10. Quant aux six matchs au Stade de France, hors finale, la RATP renforcera la ligne 13 ainsi que le RER B. Et le soir de la finale, les lignes principales resteront ouvertes toute la nuit, a indiqué l'entreprise publique. La sécurité au sein des transports en commun, cible potentielle, sera notamment assurée par les militaires de l'opération Sentinelle réquisitionnés pour l'occasion.
Ceux qui se mobilisent pour garantir la sécurité de l'Euro
- plus de 42 000 policiers dont 10 000 de la Préfecture de Police de Paris
- 30 000 gendarmes dont ceux du GIGN
- 5 200 personnels de la sécurité civile dont 2 500 sapeurs-pompiers et 300 démineurs
- Une partie des 10 000 militaires de l’opération Sentinelle
- 13 000 agents de sécurité privée
- 1 000 bénévoles des associations de secourisme