Un nouveau féminicide a eu lieu jeudi soir, peu avant 20 heures à Colmar, dans le Haut-Rhin. Un homme de 51 ans, "très alcoolisé" selon une source policière, a jeté sa conjointe par la fenêtre du 8e étage d'un immeuble, à 19 mètres de hauteur. Âgée de 48 ans, la victime a chuté sur le toit d'une salle de sport en contrebas, puis est décédée sur place malgré l'intervention des secours.
Les témoignages recueillis par le journal L'Alsace évoquent une lutte de plusieurs minutes avant que l'homme ne fasse basculer la victime par la fenêtre. Le suspect, qui présentait un taux d'alcoolémie de 2,5 grammes au moment des faits, a ensuite jeté des canettes de bière en direction du corps. "Il a continué à la bombarder avec ce qu'il avait sous la main", décrit un voisin à Europe 1. L'homme a ensuite été interpellé sans résistance. Selon nos informations, l’homme avait déjà été interpellé plusieurs fois pour violences conjugales.
Déjà arrêté pour non respect de l'interdiction de rencontre
Il avait d'ailleurs l’interdiction de voir cette mère de famille. Mais déjà, le 25 avril dernier, l'homme avait été arrêté au domicile de la jeune femme, selon une source proche du dossier, et placé en rétention judiciaire après avoir violé cette interdiction. Il avait ensuite été présenté à un juge d'application des peines.
En moins de deux semaines, trois féminicides ou tentative de féminicide ont été commis dans la région, relançant le débat sur le suivi des auteurs de violences conjugales. Jeudi après-midi, un homme de 48 ans a tenté de tuer sa compagne en pleine rue à Metz avant de se tirer une balle dans la tête au terme d'un "déchaînement de violence", selon le parquet. Et à Hayange, en Moselle, le 24 mai, un homme de 23 ans a poignardé à mort sa compagne en pleine rue.
48 féminicides recensés en 2021
A chaque fois, les victimes étaient soumises de longue date à la violence de leur compagnon: des plaintes avaient été déposées, certains avaient même été condamnés pour ces faits. Après le drame d'Hayange, le procureur de la République de Metz, Christian Mercuri, avait martelé que le suspect n'était pas identifié par la justice "comme un conjoint violent". S'il l'avait été, il n'aurait "pas reçu un aménagement de peine au domicile conjugal", avait-il fait valoir tout en regrettant un défaut de transmission d'informations.
Selon le compteur de féminicides instauré par des militantes, 48 féminicides ont déjà été recensés en 2021. Il s'agirait donc du 49e par compagnon ou ex-conjoint depuis le début de l'année. En 2020, le ministère de l'Intérieur en avait décompté 90, contre 146 l'année précédente.