"Il n'y a pas de place pour les ennemis de la République". Manuel Valls a justifié mercredi soir la fermeture de trois mosquées, décidée dans le cadre de l'état d'urgence. Parmi elles, celle de Lagny-sur-Marne, en région parisienne. Une mosquée présentée comme salafiste, dans laquelle officiait un imam soupçonné d'avoir recruté des volontaires pour le djihad en Syrie. Au cours des perquisitions menées, un revolver 9 mm a été retrouvé chez un "dirigeant" de la mosquée, ainsi qu'un "disque dur dissimulé". Une école coranique non déclarée a également été découverte.
L'Etat "ne voulait pas intervenir". A l'origine, il y avait un lieu de culte géré par une association musulmane. Mais, il y a cinq ans, un petit groupe s'empare des lieux après une bagarre. L'ancien maire de la ville, Patrice Pagny, avait à l'époque essayé d'alerter sur cette dérive après s'être heurté plusieurs fois à des prédicateurs islamistes radicaux. "C'était manifeste. Entre la tenue vestimentaire et le refus de serrer la main à ma première adjointe, c'était compliqué. Ils avaient une attitude qui nous inquiétait. J'avais même été voir Dalil Boubakeur (recteur de la Grande mosquée de Paris et ancien président du Conseil français du culte musulman) qui nous avait confirmé que ces éléments-là pouvaient être qualifiés de salafistes, d'extrémistes", raconte l'ancien édile. "J'étais également allé voir le sous-préfet, les autorités de l'Etat, pour leur signaler qu'on avait un groupe qui nous semblait douteux. Pour eux, il n'y avait manifestement pas vraiment de trouble à l'ordre public et donc ils ne voulaient pas intervenir."
Fermeture jusqu'à la fin de l'état d'urgence. Pourtant, le chef de ce groupe, Mohamed Hammoumi, est directement lié à Daech et à une quinzaine de départs pour la Syrie. Il y a un an, il a fui pour l'Egypte. Depuis, la nouvelle direction de la mosquée assure avoir fait le ménage et met au défi de trouver un seul prêche radical dans la salle de prières. Sauf que, manifestement, cela s'est poursuivi hors les murs avec cette école coranique clandestine et cette propagande djihadiste découverte par les enquêteurs. La mosquée de Lagny-sur-Marne restera fermée au moins jusqu'à la levée de l'état d'urgence, prévue en février prochain, a indiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.