Plusieurs coups de feu ont été tirés dans le 10e arrondissement de Paris près d'un centre culturel kurde peu avant midi, faisant plusieurs blessés et trois morts. Le suspect, âgé de 69 ans et de nationalité française, a été interpellé et conduit à l'hôpital pour blessure au visage. Selon le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin, le tireur présumé a "manifestement agi seul" et a "manifestement voulu s'en prendre à des étrangers". Europe 1 résume ce que l'on sait de ce Français vivant à Paris.
"Cinglé" et "fou" selon son père
L'auteur présumé des faits se nommerait William M. et est un retraité de la SNCF, un ancien conducteur de train. Le suspect "était tireur dans un club de sport et avait déclaré de nombreuses armes", a précisé Gérald Darmanin. L'homme est décrit par son père comme "taiseux" et "renfermé" : "Je n'aimais pas trop parce que j'aimais bien qu'il s'exprime, mais il était vraiment renfermé. Il ne vivait pas comme tout le monde", a déclaré son père, 90 ans, cheveux gris en bataille et robe de chambre foncée.
"Rien ne permet à ce stade d'accréditer une quelconque affiliation de cet homme à un mouvement idéologique extrémiste", a affirmé de son côté la procureure de Paris Laure Beccuau. Et si l'attaque semble être dirigé envers "des étrangers", rien n'indique pour l'instant "que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes (…) l'ait fait spécifiquement pour les Kurdes", précise néanmoins le ministre de l'Intérieur. De cette possible motivation, "jamais on en parlait (...) Il disait rien. Il a dû manigancer son truc tout seul". "Ce matin, il n'a rien dit en partant (...) Il est cinglé. Il est fou", a-t-il ajouté.
Trois antécédents judiciaires
Le suspect a par ailleurs plusieurs "antécédents judiciaires". Il a été notamment condamné en 2017 à six mois de prison avec sursis et à une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans par le tribunal judiciaire de Bobigny. Ce même tribunal l'a condamné le 30 juin pour des faits de violences avec armes commis en 2016. Il a interjeté appel.
Enfin, il a été mis en examen pour violences avec arme et préméditation à caractère raciste ainsi que pour dégradations. Les faits visés se sont déroulés le 8 décembre 2021 à Paris. Une source policière avait à l'époque indiqué à l'AFP que l'homme était soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche, en l'occurrence un sabre, au moins deux migrants dans un campement et dégradé plusieurs tentes d'un campement du parc de Bercy, dans le XIIe arrondissement de la capitale. Deux personnes présentes sur les lieux, blessées, avaient été brièvement hospitalisées.
Remis en liberté il y a 11 jours
Il avait été placé en détention provisoire pendant près d'un an avant d'être remis en liberté le 12 décembre sous contrôle judiciaire, précise le parquet de Paris. L’information judiciaire étant toujours en cours, William M. n’avait pas encore été jugé. Onze jours plus tard, l'homme a donc été interpellé pour cette fusillade présumé dans un centre culturel kurde. Le sexagénaire est en revanche inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Une enquête a été ouverte pour assassinat, homicides volontaires et violences aggravées.