Une enquête pour violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique a été ouverte à Paris après l'interpellation samedi de Youssouf Traoré lors d'une manifestation interdite en mémoire de son frère Adama, a indiqué mercredi le parquet, sollicité par l'AFP. Blessé lors de son arrestation par des policiers qui l'accusent d'avoir "porté un coup" à une commissaire de police, Youssouf Traoré, 29 ans, a porté plainte.
Plusieurs témoins ont filmé la scène de l'arrestation
Les investigations ont été confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Plusieurs témoins ont filmé la scène de l'arrestation : on peut voir dans une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux Youssouf Traoré résister avant d'être plaqué et maintenu au sol par plusieurs policiers de la Brav-M, une unité de police à moto décriée pour son comportement lors du récent mouvement contre la réforme des retraites. Ces images montrent également une femme tombée au sol après avoir été poussée par un policier. Cette jeune femme a porté plainte, causant l'ouverture d'une deuxième enquête, elle aussi, confiée à l'IGPN.
Les deux enquêtes ont été ouvertes pour violences volontaires aggravées, ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de moins de huit jours, a précisé le parquet. Selon le compte rendu médical de Youssouf Traoré, que l'AFP a pu consulter, le plaquage ventral qu'il a subi lui a occasionné une fracture du nez, un traumatisme crânien avec contusion oculaire, des contusions thoraciques, abdominales et lombaires. Selon sa plainte dont l'AFP a eu connaissance, la jeune femme souffre depuis samedi de contusions à l'épaule droite et aux avant-bras notamment.
Deux journalistes au moins ont également porté plainte, dénonçant également des violences de la part de policiers. Leurs plaintes sont en cours d'analyse au parquet de Paris. Samedi, environ 2.000 personnes se sont rassemblées dans la capitale, malgré l'interdiction de la préfecture de police, derrière Assa Traoré, en mémoire de son frère Adama, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016.
Un rassemblement interdit
La préfecture de police avait interdit ce rassemblement en raison du "contexte tendu" en France depuis la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué le 27 juin par le tir d'un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre. Le ministre de l'Intérieur a annoncé mercredi qu'une nouvelle manifestation contre les violences policières prévue samedi allait être interdite, "ainsi que toute autre manifestation en lien direct avec les émeutes" jusqu'au 15 juillet.