La première semaine du procès de Nordahl Lelandais pour le meurtre d'Arthur Noyer s'est achevée vendredi à Chambéry sur un statu quo : l'accusé a campé sur sa version des faits de la mort du jeune militaire en 2017, au grand regret des parties civiles. Nordahl Lelandais n'a pas flanché : durant les trois heures d'interrogatoire, il a confirmé sa version des faits.
"Aucun motif sexuel à notre altercation"
Même son avocat, Me Alain Jakubowicz, dans une sorte d'étrange inversion des rôles, lui a offert la possibilité de modifier ses déclarations. Tutoyant son client, il lui a dit : "Si cette version n'est pas la bonne, c'est le moment, Nordahl. C'est le moment de parler, de dire la vérité, si tu penses que tu n'as pas dit toute la vérité, si la dispute avec Arthur avait un mobile sexuel, tu dois parler maintenant !". L'ancien maître-chien a pris le temps avant de répondre. Puis il a déclaré : "Non, j'ai dit tout ce qui s'est passé. Il n'y a aucun motif sexuel à notre altercation. Il m'a frappé. J'ai répondu. Je l'ai tué. C'était un accident. Je n'ai rien à ajouter."
D'où la déception de la famille d'Arthur Noyer et de son avocat, Me Bernard Boulloud : "J’ai cru à un moment qu’il allait dire la vérité, ou un bout de vérité. Je pense qu’il a raté ce moment et qu’il risque de le regretter. Car avec la somme de contradictions qu’il y a de son côté dans ce dossier, avec la somme d’évidences qu’il y a de l’autre côté, je pense que l’intime conviction des juges fera le reste. Moi je suis certain que le meurtre sera retenu."
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La famille a exhorté l'accusé à dire la vérité
Sur le banc des parties civiles, les parents, le frère et les grands-parents d'Arthur Noyer ont soupiré mais sont restés calmes, comme depuis le début du procès, prenant des notes. Jeudi soir, ils avaient exhorté l'accusé à dire la vérité. La vérité de Lelandais, c'est celle d'une rixe qui aurait mal tourné pour un motif futile cette nuit d'avril 2017.
Pourquoi alors, dans sa version, après la bagarre, l'accusé prodigue-t-il un message cardiaque, mais n'appelle pas les secours, demande le président François-Xavier Manteaux ? "À ce moment-là, j'aurais dû avoir un manuel d'émotions pour savoir quoi faire. Mais à ce moment-là, je ne sais plus quoi faire", a-t-il répondu. "Le mec bien, il doit composer le numéro des services de secours. Explique !", a ordonné ensuite Me Jakubowicz. "J'ai fait le mauvais choix", a soufflé Nordahl Lelandais.
Un éventuel mobile est au centre des interrogations du procès. Arthur Noyer lui a-t-il refusé une faveur sexuelle ? Nordahl Lelandais, ce soir du 11 avril 2017, était-il en recherche de partenaire sexuel ? Le procès reprendra lundi avec les expertises psychiatriques de Nordahl Lelandais. Le verdict est attendu mercredi prochain.