C’est une copropriété coquette et récente, avec vue sur la mer du 15e arrondissement de Marseille. Et pourtant… Menaces, cambriolages, agressions et vandalisme sur les véhicules, les résidents ne savent plus quoi faire face à ces nuisances. "Ce sont des groupes de vendeurs de cigarettes à la sauvette au marché aux puces. Ils n’ont pas de papiers, on ne peut rien faire contre eux. L’autre soir, j'ai reçu des menaces de mort après une descente de police. Mais je vais porter plainte contre qui ? Contre X ?", s’agace une mère de famille qui préfère garder l’anonymat.
"Une bande organisée qui fait sa loi"
Les locataires échangent sur leurs déboires au travers d’un fil de discussion sur WhatsApp. Philippe en est l’administrateur. Lui s’est fait dégrader 14 fois son véhicule. "Je ne vais plus porter plainte et je ne déclare plus rien aux assureurs, car je me suis déjà fait virer de deux assurances à cause de ça" s’agace ce Marseillais. "C’est une bande organisée qui fait sa loi ici. Ils vivent ici, ils font la fête, ils ramènent des femmes, ils boivent et ils boivent. Il y a des agressions. Ils se battent même entre eux quand un a cambriolé un appartement qui devait revenir à un autre. Nous, locataires, on a peur. Car quand on sort, on devient une proie", déplore-t-il.
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"Ils se garent sur nos places de parking"
Sous la menace des cambriolages et des squats, il n’ose plus partir en vacances depuis maintenant cinq ans. "Ils sonnent sans cesse aux interphones et toquent aux portes". Des nuisances qui coutent cher, poursuit-il : "Il faut savoir qu’ils utilisent nos ascenseurs, se garent sur nos places de parking et se relient illégalement sur les compteurs d’eau et d’électricité. Comme ils n'ont pas des badges pour entrer au portail, ils cassent tout et le syndic nous le facture à nous. Nos charges ont explosé !".
Sous location illégale
Excédé lui aussi, Bilel, le concierge, est venu à la rencontre d'Europe 1. Il est obligé d’employer la manière forte. "Quand c’est squatté, je prends les portes, je les enlève pour plus qu’ils restent à l’intérieur. Car quand ils n’ont pas de porte, ils s’en vont". Avec sa carrure de boxeur, il n’est pas du genre à se laisser faire. Il en est d’ailleurs venu aux mains à deux reprises avec ces bandes.
Bilel et Philippe rentrent dans un bâtiment. Dans les escaliers, des flaques d’urine. Le concierge explique que les squatteurs se font également de l’argent facile en sous-louant des appartements. C’est le cas d’une famille algérienne. Il frappe à leur porte, un adolescent de 17 ans ouvre. Il vit ici avec son grand frère et sa maman et Bilel le concierge doit cette fois-ci jouer les traducteurs. La famille a été orientée ici par "le bouche-à-oreille". Ils verseraient chaque mois 200 euros à des inconnus qui viennent encaisser le loyer.
Ces derniers mois, les descentes de policiers de la BAC nord se sont multipliées. Les locataires les remercient, mais estiment que la solution doit venir d’ailleurs, car les squatteurs reviennent inlassablement.