On a voulu "jeter l'opprobre sur lui, faire un coup médiatique". Voilà comment l’avocat de Dieudonné analyse la décision du tribunal de grande instance de Paris, en octobre 2009. La justice française avait estimé qu’en invitant sur scène le négationniste Robert Faurisson, Dieudonné M'Bala M'Bala avait "très largement excédé les limites admises du droit à l'humour" et lui avait donc infligé une amende. Intolérable pour le polémiste, qui a donc saisi la Cour européenne des droits de l’homme, qui va se prononcer mardi.
"C’était très drôle". Les juges de la Cour européenne des droits de l'Homme doivent dire si cette condamnation à 10.000 euros d'amende pour des "injures" à caractère raciste a porté atteinte à la liberté d'expression de Dieudonné M'Bala M'Bala. Devant les tribunaux, Dieudonné s'était défendu en expliquant que "c'était très drôle" et que les spectateurs avaient ri. Mais la justice n'avait pas adhéré à cette analyse.
En saisissant la CEDH, Dieudonné conteste la base légale de la procédure à son encontre : il affirme avoir été condamné pour une "mise en scène", ce que ne prévoit pas explicitement la loi de 1881 sur la liberté de la presse, en vertu de laquelle il a été poursuivi. Surtout, le polémiste soutient que sa condamnation a porté atteinte à sa liberté d'expression.
Il a déjà d’autres "rendez-vous" à Strasbourg. Si la requête de Dieudonné était rejetée mardi, il aurait la possibilité de demander un nouvel examen de son dossier devant l'instance suprême de la CEDH, la Grande chambre - ce que la Cour n'est toutefois pas tenue de lui accorder. Dans les mois à venir, la CEDH aura d'autres occasions de se pencher sur le cas Dieudonné: le polémiste a déposé des requêtes - toujours pendantes à Strasbourg - contre l'interdiction par les autorités de trois de ses spectacles en janvier 2014, à Nantes, Orléans et Tours.