Les magistrats antiterroristes font face à une explosion du nombre de procédures antiterroristes. Depuis la fin août, la justice antiterroriste ouvre une nouvelle enquête tous les deux jours. Phénomène nouveau : les jeunes femmes et les mineurs, parfois âgés de 15 ans, sont désormais impliqués dans ce genre d'affaires.
"Une situation inédite". Pour le président du Tribunal de grande instance de Paris, Jean-Michel Hayat, qui s'est exprimé lundi, il s'agit d'une déferlante. "C'est une situation complètement inédite. Les juges d'instruction sont confrontés à une hausse de 80% des dossiers. C'est bien pour cela que nous avons un dixième juge d'instruction qui arrive et un onzième qui est escompté pour pouvoir toujours essayer de tenir."
Des effectifs renforcés. La justice parisienne cherche aussi à anticiper. Pour cela, elle s'est réorganisée pour augmenter de 30 % le nombre d'audiences consacrées au terrorisme. Les effectifs ont également été renforcés avec un greffier spécialement dédié à la gestion des victimes et la nomination d'un deuxième juge d'application des peines pour suivre 250 condamnés.
Un cour d'assise spéciale. L'avenir dira si les moyens sont suffisants. Car le pire est sans doute à venir, avec le retour attendu et redouté dans les mois qui viennent de nombreux djihadistes fuyant la Syrie. Un retour d'autant plus préoccupant que le procureur de Paris a décidé de durcir sa politique pénale et de faire juger systématiquement par une cour d'assise spéciale tous ceux qui sont allés en Syrie. Une procédure plus longue et plus lourde qu'un tribunal correctionnel.
Multiplier les comparutions immédiates. Pour éviter l'engorgement, le président du tribunal de Paris propose de réduire le nombre de magistrats mobilisés sur ces audiences mais aussi de développer les comparutions immédiates pour délit de simple consultation de sites djihadistes ou d'apologie du terrorisme.
Une nouvelle justice antiterroriste ? Derrière ce tribunal sous pression et ce président qui prend la parole, il y a de lourds enjeux et notamment la volonté par certains de créer une nouvelle justice antiterroriste sur le modèle espagnol, avec une cour d'assise spéciale et un parquet national antiterroriste, distinct du parquet de paris.