"On s'est croisés, on s'est aimés et on s'est quittés à notre grand regret". Lise Han, la principale accusée du procès des "mariages chinois", des simulacres de mariage "à la française", a évoqué mercredi sa liaison avec l'ancien sénateur-maire socialiste de Tours Jean Germain. Au deuxième jour d'audience devant le tribunal correctionnel de la ville, l'ombre d'outre-tombe de Jean Germain a une nouvelle fois plané sur le procès, six mois après son interruption dramatique consécutive à son suicide. Ce dernier était mis en cause dans cette affaire de malversations.
"Ça n'a rien à voir avec le reste". La liaison "a commencé le 6 janvier 2007" et s'est achevée en octobre 2012, a précisé Lise Han en pleurs à la barre. Mais, a-t-elle ajouté sans convaincre, "ça n'a rien à voir avec le reste". les reste, c'est-à-dire l'organisation de "noces romantiques en Touraine", des packages touristiques dont elle était à la fois le donneur d'ordres depuis le cabinet du maire de Tours, et la gérante de fait de la société qui en remportait les marchés.
"On s'est croisés, on s'est aimés et on s'est quittés à notre grand regret", a-t-elle sangloté en évoquant une "relation plus affective que sexuelle" durant ces années où elle a été collaboratrice au cabinet de Jean Germain et ensuite employée, le plus souvent absente, à la société publique locale (SPL) chargée de la promotion du tourisme tourangeau.
Jean Germain avait préféré garder le silence. La réalité de cette liaison - hautement revendiquée ou farouchement niée, selon les jours, par Lise Han - a été établie grâce à des dépôts de pièces à conviction versées par elle lors d'une confrontation avec Jean Germain. Lors d'une confrontation, Lise Han avait remis aux juges d'instruction des objets présentés comme autant de cadeaux de Jean Germain, a expliqué la présidente du tribunal Christine Blanchet. Au côté d'un flacon de parfum, des bijoux, dont un bracelet en or incrusté d'un diamant en forme de cœur, au nom d'un joaillier tourangeau.
L'influence de Lise Han sur Jean Germain. Lors de cet acte d'instruction, Jean Germain avait "choisi de garder le silence et avait dit préférer attendre la suite de la procédure", a précisé la présidente du tribunal pour qui, à l'évidence, la nature des relations entre Lise Han et l'ancien maire est un élément permettant d'expliquer l'influence, voire l'emprise de la quadragénaire sur celui qui était alors le tout puissant maire et président de la communauté d'agglomération tourangelle.
"Si c'était avéré, ce serait grave". Le directeur de la SPL, Jean-François Lemarchand, lui-même poursuivi dans cette affaire d'escroquerie et détournement de fonds publics, a témoigné que l'embauche de Lise Han lui avait été "imposée" par le maire de Tours, qui s'était même fait menaçant. Interrogé durant l'instruction sur l'hypothèse d'une liaison entre Lise Han et Jean Germain, François Lagière, directeur du cabinet de l'ancien maire, avait estimé que "si c'était avéré, ce serait grave". Interpellé mercredi à la barre par la présidente, il n'est pas revenu sur cette appréciation.