Au moins trois personnes sont décédées et trois autres sont entre la vie et la mort, touchées dans trois fusillades dans la nuit de dimanche à lundi, dans les quartiers populaires du nord de Marseille, rongés par le trafic de drogue, selon la police. Ces violences ont également fait cinq blessés, dont le pronostic vital n'est pas engagé, a appris l'AFP auprès de la Préfecture de police des Bouches-du-Rhône et des marins-pompiers, confirmant une information initiale de BFM Marseille Provence.
Les enquêtes confiées à la police judiciaire
Avec les trois morts de cette nuit, ce sont 13 personnes qui ont été tuées par balle depuis le début de l'année dans la cité phocéenne, selon un décompte de l'AFP, la plupart du temps sur fond de trafic de stupéfiants dans ces cités des quartiers populaires de la deuxième ville de France gangrénées par la pauvreté, le chômage et la drogue. Les victimes de ces trois fusillades, toutes des hommes, sont âgées d'une vingtaine d'années.
Une première fusillade a éclaté autour de minuit près de la cité du Castellas, dans le 15e arrondissement. Puis une deuxième non loin, de l'autre côté de l'autoroute A7, près de la cité des Aygalades, elle aussi un de ces hauts lieux des trafics de stupéfiants qui ont entraîné plusieurs règlements de compte cette année, sur fond de luttes de territoires. Selon la procureure de la République de Marseille, il est impossible à ce stade d'établir un lien entre ces trois fusillades. "Mais il est évident que ces faits sont en lien avec le contrôle des territoires et une logique de vendetta qui s'exerce sur un certain nombre d'individus qui commettent des actes soit de coups de force sur des points de stupéfiants soit des homicides sur un certain nombre de personnes", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse lundi après-midi.
"Ça tire de tous les côtés"
C'est dans la première fusillade, au Castellas, que la police a recensé les deux premiers morts de cette nuit. Ces deux attaques ont également fait six blessés, dont un adolescent toujours entre la vie et la mort. "Ça fait plus de 40 ans que j'habite là, ça n'a jamais été comme ça... Ça tire de tous les côtés. L'autre jour, un monsieur sortait d'une mosquée et s'est pris une balle alors qu'il n'y était pour rien. J'ai trois garçons, mariés, qui ont quitté le quartier. Ils sont partis vivre ailleurs. Je crois que je vais vendre ma maison et partir vivre en Corse, chez moi", confie cette retraitée.
Trois enquêtes ouvertes
La troisième fusillade a éclaté peu avant 1h du matin, près du centre ville, dans le quartier portuaire de la Joliette (2e arrondissement). C'est là qu'est décédé l'adolescent de 16 ans et qu'un autre a été gravement blessé, avec un pronostic vital engagé selon le parquet. Un troisième adolescent, de 14 ans, a été blessé moins gravement.
Selon les premiers éléments de l'enquête, les événements de la Joliette auraient "des liens avec le trafic de stupéfiants à La Paternelle", a relevé la préfète de police des Bouches-du-Rhône. Or "cette cité est aujourd'hui à l'origine de la quasi-totalité des assassinats de ces derniers mois à Marseille, avec deux équipes qui se disputent les points de deal et sont sans doute rentrées dans une sorte de dynamique de vendetta", a précisé Frédérique Camilleri.
"On va essayer de faire mal à l'adversaire en tuant des gens de son entourage, de son réseau", a-t-elle expliqué. "Et cela explique sans doute l'enchaînement de fusillades, (qui visent) le plus souvent des personnes extrêmement bas dans le réseau".
Guerres de territoires
Depuis le début de l'année 2023, plusieurs fusillades ont déjà eu lieu à Marseille avec une accélération notoire en mars. Le 29 mars, le corps d'un jeune homme de 20 ans, vraisemblablement décédé depuis plusieurs jours, avait ainsi été retrouvé dans un terrain vague de la cité de la Paternelle (14e arrondissement) atteint de plusieurs balles. Cinq jours auparavant, un homme d'une vingtaine d'années avait été tué dans le 3e arrondissement, à proximité du quartier portuaire de la Joliette, touchés de neuf balles.
La première fusillade de l'année dans la cité phocéenne avait eu lieu dès le 1er janvier, cité de la Paternelle, près du point de deal du "Vieux Moulin", un des trois points de vente de drogue de cette cité désormais au cœur des guerres de territoires entre bandes rivales dans la ville, selon les enquêteurs. Un homme de 26 ans avait été grièvement blessé par balles. Le premier mort par balles de l'année avait lui été enregistré le 20 janvier, un homme de 43 ans visé dans un local associatif de la cité Consolat (15e arrondissement).