Trois armes sont exposées sur une table du parquet de Marseille. Leur aspect a de quoi surprendre, mais attention, même si ces fusils sont en plastique, leur fiabilité en fait des armes redoutables. "La qualité est bonne, voire très bonne. Proche à 95 % des armes d’origine. Nous assistons à l’uberisation du trafic d’armes, qui prend une ampleur importante. Ce qui se cache derrière ces individus, c'est une véritable idéologie pro armes importée des États-Unis", observe le colonel Hervé Pétry de l'Unité Nationale Cyber de la gendarmerie.
Des armes intraçables
Les armes étaient livrées par colis, en pièces détachées, pour échapper aux détections. Les fichiers d’impression étaient également monnayés pour qui voulait se lancer à son tour dans l’impression d’armes sur son imprimante 3D.
Finalement, un an de traque et d’infiltration sur le darknet et les réseaux cryptés auront été nécessaires pour que les enquêteurs finissent par remonter jusqu'à une filière composée principalement de mouvances anarchistes, des "libertariens".
"Une idéologie ou chacun doit pouvoir s’armer contre l’État et contre toutes les sortes d’atteintes. Le modèle de fusil 9 mm s’appelait d’ailleurs le 'Fuck Gun Control'. Mais tout en étant libertarien, il faut rester commerçant. Ces armes se négociaient entre 1.000 et 1.500 €", selon le procureur de la république de Marseille, Eric Bessonne.
Selon la gendarmerie, le modèle d’imprimante saisie ne valait guère plus de 150 €. Au total, 14 personnes sont arrêtées et 6 écrouées. Le magistrat marseillais s’inquiète lui aussi de cette uberisation, avec des armes moins chères, mais surtout sans numéro de série et donc quasiment intraçable.