Un homme âgé d'une trentaine d'années a été tué par balles dans un quartier populaire du nord de Marseille mardi, a appris l'AFP de source policière et auprès des marins-pompiers, confirmant une information du quotidien régional La Provence.
Il s'agit du huitième mort par balles dans la seconde ville de France depuis le début du mois d'août, dans ces quartiers en proie à des luttes sanglantes pour le contrôle du lucratif trafic de stupéfiants. Un chiffre qui grimpe à 12 victimes, depuis la mi-juillet. Au total, depuis le début de l'année, au moins 36 personnes ont été victimes de tirs ou de fusillades dans la cité phocéenne, la plupart sur fond de trafic de drogue, soit plus, en à peine huit mois, que les 31 morts par balles "liés aux stups" recensés par la Préfecture de police des Bouches-du-Rhône pour l'ensemble de 2022.
La police judiciaire a été saisie de l'enquête
Mardi, les faits se sont déroulés vers 19h30 dans le quartier du Canet, dans le 14e arrondissement, situé entre le Grand port maritime de Marseille et l'autoroute A7. A l'arrivée des secours, la victime, un homme d'une trentaine d'années, a été retrouvée décédé par arme à feu, selon les pompiers.
La police judiciaire a été saisie de l'enquête, a précisé une source policière à l'AFP. Dans la nuit de mercredi à jeudi, dans ce même arrondissement du nord de la ville, un homme de 28 ans, gérant d'un magasin d'alimentation, avait été tué par balles sur le seuil de son épicerie.
2022 avait déjà été une année noire avec un record de victimes, lié au trafic de drogue. Un nombre bien supérieur à celui de 2016 lorsque le procureur Brice Robin parlait déjà d'"Everest de folie meurtrière". En 2023, seuls huit mois auront été suffisants pour faire tomber ce triste record.
"Cela engendre tellement, tellement d'argent"
"Ça n'arrête plus, il n'y a plus rien qui les arrête. Tant que les assassins seront libres de circuler dans notre territoire et à Marseille et qu'ils ne seront pas à leur place, c'est-à-dire en prison, eh bien il y aura toujours plus d'assassinats puisqu'aujourd'hui, tuer à Marseille c'est gratuit. On craint que la situation ne s'aggrave", témoigne Karima Meziane, porte-parole de l'Association des familles de victimes.
Cet emballement de la violence est principalement dû à une guerre de clans opposant celui de Yoda à celui de la "DZ Mafia". Un affrontement qui se traduit par des assassinats ciblés ou encore des attaques avec des mitraillages à l'aveugle. Les points de deal étant particulièrement lucratifs, la situation pourrait effectivement se détériorer.
"J'ai bien peur qu'on se dirige vers la cinquantaine (de victimes) d'ici la fin de l'année. On l'explique par des prises de territoire. Il y a beaucoup de mobilité parmi les trafiquants et on tue très facilement car cela engendre tellement, tellement d'argent. Une cité qui fonctionne bien à Marseille, c'est entre 30 et 60.000 euros par jour", indique Bruno Bartocetti du syndicat SGP-Police. Selon lui, la solution passerait par un renforcement des groupes interministériels de recherche, douanes, gendarmerie et trésor public. Afin de considérer non seulement les stupéfiants mais aussi les réseaux d'argent ainsi que les filières d'approvisionnement des armes à feu.