Le procès de Jonathann Daval s'ouvre, lundi, devant la cour d'assises de Vesoul près de Besançon, en Haute-Saône. L'homme est accusé d'avoir tué sa femme Alexia Daval en 2017. Après plusieurs semaines d'enquête, il a avoué les faits lors d'interrogatoires effectués par les policiers. Le psychiatre et expert judiciaire Daniel Zagury était l'invité d'Europe Matin à 6h40 pour analyser le profil de Jonathann Daval.
Entre ses mensonges et ses pleurs, qui est vraiment Jonathann Daval ? Il y a trois ans, le 30 octobre 2017, le corps d'Alexia Daval est retrouvé en partie carbonisé dans un bois. Quelques jours plus tard, son mari, apparait en larmes devant les caméras lors d'une marche blanche murmurant ses quelques mots : "mon épouse et moi partagions la même soif de liberté, elle était ma première supportrice, mon oxygène". Il avouera cependant le féminicide, au cours d'un interrogatoire.
Il s'est d'abord enfoncé dans ses mensonges
Cette affaire va prendre un tournant particulier selon Daniel Zagury, puisque "la France entière a eu de la compassion pour Jonathann Daval, ce jeune mari effondré, si proche de ses beaux parents". Aujourd'hui, c'est le mensonge qui prend le dessus. "Nous sommes tentés aujourd'hui, par le mouvement inverse, d'avoir le sentiment d'avoir été trompés et d'avoir été floués. D'où cette tendance à lui attribuer une noirceur", explique-t-il.
Un mensonge donc, dans lequel, Jonathann Daval s'est caché. "C'est un espèce de sauve-qui-peut. Il a impliqué son beau-frère, il a parlé d'un pacte de la famille. Il s'est enferré dans ses mensonges de manière assez pathétique. Et il craque face à une simple photo dans le bureau du juge lors d'une confrontation avec sa belle-mère, qui lui montre une photo d'Alexia avec son chat. Il suffit d'un moment comme ça chez des personnalités qui ne sont pas des forteresses perverses ou psychopathiques, qui ont, malgré tout, une certaine sensibilité et des moments de culpabilité", explique le psychiatre et expert judiciaire.
Ce meurte "va à l'encontre de notre idée commune du féminicide"
Et quand le psychiatre Daniel Zagury compare le meurtre à d'autres féminicides, il ne retrouve pas les mêmes actes. "Effectivement, on a du mal à comprendre comment ce jeune garçon timide, sans antécédents de violence, a pu commettre un tel acte, avec un crime qui aurait comporté quatre minutes d'asphyxie. Donc, tout ça va à l'encontre de notre idée commune du féminicide, c'est-à-dire avec des violences antérieures, des signes d'alerte", analyse-t-il.
"Il dit 'je n'étais plus moi, j'étais hors de moi, je voulais qu'elle se taise'. (...) Il faut bien comprendre, que c'est un moment de rupture par rapport à la personnalité habituelle", explique-t-il. Et c'est cela que cet expert judiciaire aimerait comprendre au procès : savoir comment Jonathann Daval a pu basculer et tuer Alexia Daval.