Meurtre dans une mosquée du Gard : le suspect s'est rendu à la police en Italie
Depuis trois jours, 70 policiers et gendarmes étaient mobilisés pour traquer et interpeller le meurtrier présumé du jeune Malien dans une mosquée du Gard (Occitanie). Le suspect s'est rendu dans un commissariat en Italie dimanche soir, indique ce lundi le procureur d'Alès en charge de l'affaire à l'AFP.
Traqué depuis trois jours, le meurtrier présumé du jeune Malien Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard (Occitanie) s'est rendu dans un commissariat du centre de l'Italie, a annoncé lundi à l'AFP le procureur en charge de cette affaire.
Il "s'est rendu de lui-même"
Le suspect, "Olivier A.", né à Lyon en 2004 et de nationalité française, "s'est rendu de lui-même dans un commissariat de Pistoia", non loin de Florence, "dimanche vers 23 heures", accompagné d'un avocat et d'un membre de sa famille, a indiqué lundi à l'AFP le procureur d'Alès, Abdelkrim Grini. Selon lui, la piste de l'acte anti-musulman est toujours privilégiée. Le suspect avait également une fascination de la mort et aurait eu envie d'être considéré comme un tueur en série.
"Il s'est rendu hier soir aux alentours de 23 heures à un commissariat en Italie, à Pistoia exactement, en Toscane. Actuellement, il est entre les mains des autorités italiennes. Il s'est rendu de lui-même, compte tenu des moyens qui ont été mis en œuvre et de la véritable chasse à l'homme qui avait lieu depuis trois jours pour localiser l'interpellé. Nous savions déjà depuis ce week-end qu'il avait passé la frontière et qu'il était en Italie. Cette reddition est pour nous la traduction et la manifestation vraiment de l'efficacité des moyens mis en œuvre et de cette enquête qui a été menée avec beaucoup de dynamisme et beaucoup de détermination à notre niveau, donc, on ne peut que s'en féliciter", a déclaré Abdelkrim Grini, joint par téléphone par Europe 1.
En raison de son interpellation en Italie, un juge d'instruction "va être saisi" et un mandat d'arrêt européen émis en vue de son transfèrement en France, a-t-il précisé. Son retour en France pourrait prendre plusieurs semaines s'il s'oppose à son transfert. Pour décider de son éventuelle incarcération, il faudra attendre la décision d'un juge des libertés et de la détention.
Plus de 70 policiers et gendarmes français venant de Montpellier, de Nîmes et de Paris étaient mobilisés depuis vendredi pour "localiser et interpeller" cet homme considéré comme "potentiellement extrêmement dangereux", selon le procureur. "Après s'être glorifié de son acte, après l'avoir quasiment revendiqué, il a tenu des propos qui laisseraient penser qu'il entendait commettre encore des faits de même nature", avait-il souligné dimanche.
Exfiltré par des proches en voiture
Les éléments officiellement communiqués sur le suspect, qui a lui-même filmé le meurtre, étaient restés peu nombreux : "Olivier A." est issu d'une famille bosnienne, sans emploi, avec des attaches dans le Gard. "C'est quelqu'un qui était resté sous les radars de la justice et des services de police et qui à aucun moment n'avait fait parler de lui jusqu'à ces tragiques événements", avait expliqué dimanche Abdelkrim Grini.
L'individu avait été repéré samedi dans l'Hérault et localisé par les gendarmes. Mais il a manqué quelques minutes aux forces de l'ordre pour pouvoir l'interpeller et le suspect a réussi à prendre la fuite. En revanche, les gendarmes savaient qu'il avait franchi la frontière italienne dimanche. Pour le procureur, Olivier A. a bénéficié de complices pour fuir. Selon une source policière, il aurait été exfiltré par des proches en voiture jusqu'à la frontière.
Une marche blanche en souvenir de la victime
À La Grand-Combe, une marche blanche en souvenir de la victime, Aboubakar Cissé, un Malien d'une vingtaine d'années, a rassemblé plus d'un millier de personnes dimanche après-midi, entre la mosquée Khadidja, où s'est déroulé le drame, et la mairie de cette petite commune de moins de 5.000 habitants au nord d'Alès.
Plusieurs centaines de personnes se sont également rassemblées en début de soirée à Paris, dont le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau de cultiver un "climat islamophobe". "Le racisme et la haine en raison de la religion n'auront jamais leur place en France", a assuré dimanche après-midi le président Emmanuel Macron, en adressant "le soutien de la Nation" à la famille de la victime et "à nos compatriotes de confession musulmane".