Mort du petit Émile : pourquoi il est si difficile pour un enfant de 2 ans et demi de parcourir seul près de 2 km

Les gardes à vue des quatre membres de la famille du petit Émile, disparu le 8 juillet 2023, se poursuivent ce mercredi. Parmi les interrogations des enquêteurs figure la distance entre le domicile des grands-parents de l'enfant et l'endroit où ses ossements ont été retrouvés en mars 2024.
C'est un nouveau rebondissement qui ouvre, cette-fois, la piste familiale. Les grands-parents maternels, Philippe et Anne Vedovini, un oncle et une tante du petit Émile, disparu le 8 juillet 2023, ont été interpellés tôt mardi puis placés en garde à vue par les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Marseille à leur domicile de La Bouilladisse.
Après la prolongation de leurs gardes à vue, les auditions des quatre membres de la famille de l'enfant, entendus pour "homicide volontaire" et "recel de cadavre", ont repris mercredi matin. S'ils restent tous présumés innocents, ces gardes à vue ont relancé l'hypothèse d'une intervention humaine. La découverte d'ossements de l'enfant à environ 1,7 kilomètre du lieu de sa disparition avaient déjà soulevé de nombreuses questions, notamment sur la capacité du petit garçon de 2 ans et demi à y être parvenu seul.
À cet âge, un enfant a une capacité de déplacement limitée
Initialement, les enquêteurs ont envisagé qu'Émile ait pu s'éloigner seul et se perdre dans le terrain escarpé entourant le hameau du Haut-Vernet. Certains ont supposé qu'Émile aurait aussi pu être victime d'une attaque par un animal sauvage, tel qu'un loup ou un grand rapace, présents dans la région. Mais la zone en question, boisée et éloignée du domicile des grands-parents, a interrogé.
Les experts en développement infantile sont unanimes : un enfant de cet âge dispose d’une capacité de déplacement limitée. À 2 ans et demi, un enfant sait marcher et commence à courir. Il peut aussi "taper dans un ballon, le lancer par-dessus sa tête, grimper sur des meubles et en redescendre sans aide", indique l'Unicef. À cet âge, un enfant marche à une vitesse moyenne de 1 à 2 km/h, bien en deçà d’un adulte, se fatigue rapidement et s’arrête fréquemment. Pour parcourir 1,7 km, il lui faudrait entre 50 minutes et 1h30 en marchant sans interruption, ce qui semble peu probable pour un enfant livré à lui-même.
Les doutes exprimés par les enquêteurs sont parfaitement justifiés
"Avant toute chose, il faut bien préciser qu’on ne peut pas répondre de façon ferme et assurée à une telle question, car les différences interindividuelles entre les enfants sont fortes, comme le sont aussi leurs rythmes de progression dans la maîtrise de la marche puis de la course", nous indique la Fédération française des psychomotriciens. Et de préciser qu'à cet âge-là, un enfant "fait beaucoup de pauses dans sa déambulation".
Les environs du Haut-Vernet paraissent par ailleurs "très vraisemblablement propices à une plus grande prudence dans les déplacements". "Les ajustements de la posture et des mouvements, ainsi que la gestion des obstacles vont générer beaucoup de fatigue, mais également diminuer la motivation de l’enfant à poursuivre son déplacement. En d’autres termes, les doutes exprimés par les enquêteurs sont parfaitement justifiés", conclut la Fédération française des psychomotriciens.
L'enquête n'avait enregistré aucune annonce significative depuis la découverte, il y a un an, des ossements du petit garçon de deux ans et demi.