Paralysée depuis quatre jours par le mouvement "des gilets jaunes", l'île de la Réunion est confrontée à une flambée de violences comme elle n'en avait plus connue depuis 1991 et qui a largement débordé la question du pouvoir d'achat. Voitures brûlées, commerces incendiés, automobilistes rackettés et caillassés : la nuit a une nouvelle fois été émaillée d'incidents, poussant le préfet Amaury de Saint-Quentin à instaurer mardi un couvre-feu partiel sur la moitié des communes de l'île. Lundi, Annick Girardin, la ministre des Outre-mer a lancé un "appel au calme" et à la "responsabilité" de chacun.
Que se passe-t-il depuis samedi ?
Selon la préfecture, il y a eu une dizaine d'interpellations et cinq policiers ont été blessés dans la nuit de lundi à mardi. Des renforts de gendarmes mobiles sont arrivés lundi de Mayotte. D'autres étaient attendus, sans que la préfecture en précise le nombre. La Réunion n'avait plus connu une telle tension depuis 1991 et les émeutes provoquées par la saisie par l'Etat de l'émetteur pirate de Télé Free Dom.
Depuis samedi, des dizaines de véhicules ont été incendiés dans plusieurs villes. La plupart des poubelles ont été brûlées. Une quinzaine de commerces ont été pillés et parfois incendiés par des émeutiers parfois à peine âgés de 14 ans. Plusieurs caillassages et des actes de racket ont également été perpétrés sur des automobilistes roulant de nuit.
Comment en est-on arrivé là ?
La crise actuelle est partie du mouvement des "gilets jaunes" qui, comme partout en France, ont protesté samedi contre la hausse des prix des carburants et la baisse du pouvoir d'achat. Mardi en début d'après-midi, 37 barrages routiers étaient encore actifs sur les routes de l'île.
Mais cette grogne, pacifique au départ, a rapidement dégénéré lorsque des bandes de jeunes ont commencé à organiser des blocages sur plusieurs grands axes et réclamer aux automobilistes un droit de passage allant de 5 à 20 euros. Pour avoir refusé de payer, plusieurs automobilistes ont été agressés et dépouillés, leurs voitures caillassées.
"Le problème, c'est que dès la tombée de la nuit des "gilets jaunes", qui sont relativement pacifiques, sont relayés par des bandes de jeunes. Certains ont dévalisé le magasin en face de mon cabinet par exemple", raconte au micro d'Europe 1 Philippe de Chazournes, médecin à Saint-Denis. "Ça fait 32 ans que je suis à la Réunion, c'est la première fois que je vois ça".
Quelles sont les mesures prises par la préfecture ?
Un couvre-feu partiel a été instauré dans la moitié des communes de La Réunion. Jusqu'à vendredi au moins, il sera interdit d'y circuler entre 21h et 6h, "une mesure forte, inédite" et "adaptée à cette menace", selon le préfet. Cette mesure, qui concerne notamment le chef-lieu Saint-Denis, entre en vigueur mardi soir.
En attendant, tous les établissements scolaires, des crèches à l'université, ainsi que les administrations locales étaient fermées mardi. La quasi-totalité des événements culturels et sportifs étaient annulés. L'aéroport international Roland-Garros a fermé à 18 h locales (15 h à Paris) jusqu'à mercredi matin obligeant les compagnies aériennes à revoir leurs horaires ou à annuler des vols.