Cheveux bruns coiffés en arrière, fines lunettes sur un visage empâté, et pull marron, Jean-Christophe Quenot, 56 ans, doit répondre de six viols et 19 agressions sexuelles sur des garçons malaisiens âgés de 10 à 17 ans entre janvier 2014 et octobre 2017. Il n'est jugé que pour ces seuls faits même s'il est soupçonné d'avoir commis des abus sexuels sur au moins une cinquantaine de mineurs dans plusieurs pays (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Philippines, Inde, Sri Lanka et Indonésie) durant une trentaine d'années.
La justice française a souhaité "scinder" les différentes affaires dans lesquelles il est impliqué."Des investigations particulièrement lourdes tant du fait du nombre d'abus sexuels étendus dans le temps que des investigations internationales (...), doivent se poursuivre s'agissant des autres chefs de mise en examen", ont estimé les enquêteurs.
Les avocats de Jean-Christophe Quenot ont contesté ce qu'ils appellent une "magouille procédurale", en demandant le renvoi du procès afin que leur client soit jugé une fois pour toute. La cour criminelle départementale, présidée par Laurent Raviot a rejeté cette demande de renvoi.
Une cinquantaine d'enfants entre 1990 et 2019
Le professeur de français langue étrangère, installé à Singapour au début des années 1990, est soupçonné d'avoir abusé d'au moins une cinquantaine d'enfants entre 1990 et 2019. Il avait été arrêté en février 2019 par la police thaïlandaise alors qu'il se trouvait dans une chambre d'hôtel de Bangkok avec deux garçons de 14 ans. Les policiers avaient également découvert une caméra et un ordinateur avec des contenus pédopornographiques.
Il avait été libéré au bout de quelques jours après le versement d'une caution de 300.000 bahts (environ 8.000 euros) en liquide. Muni de son passeport français, il avait ensuite réussi à quitter illégalement la Thaïlande via la Malaisie pour rejoindre la France. Il avait été finalement interpellé à son domicile familial de Besançon le 30 mars 2019.
Lors de sa garde à vue, il a reconnu payer de jeunes garçons pour assouvir ses fantasmes. "On trouve des jeunes garçons ouverts à des relations sexuelles tarifées car ils sont pauvres et ont besoin d'argent de poche", a-t-il expliqué. Interrogé sur les films qu'il tournait durant ses ébats sexuels, il assurait que "les gamins aiment bien jouer à la 'porn-star' quand ils ont des relations sexuelles avec moi".
Plus de 174.000 photos et vidéos le mettant en scène abusant d'enfants ont été saisies par les enquêteurs. Après les témoignages d'experts et d'enquêteurs, la cour a prévu de l'interroger lundi. Les réquisitions et le verdict sont attendus mardi.