Un Malien de 32 ans atteint de troubles psychiatriques, qui a agressé à l'arme blanche trois personnes samedi matin gare de Lyon à Paris, est actuellement entendu par les enquêteurs mais ses motivations ne sont toujours pas "connues", a indiqué le parquet. L'attaque s'est produite à moins de six mois des Jeux olympiques de Paris où 15 millions de visiteurs sont attendus dans un contexte sécuritaire tendu. Le plan Vigipirate a été rétrogradé au niveau 2 ("sécurité renforcée - risque attentat") depuis le 15 janvier.
L'agression a eu lieu vers 07H35 : l'assaillant a blessé grièvement un homme à l'abdomen, dont le pronostic vital était toujours "engagé" en milieu d'après-midi ,selon le parquet de Paris, et deux autres personnes plus légèrement. Selon le ministère public, tous trois sont des "passants" qui se seraient "interposés" et ont été "blessés par des coups de couteau et de marteau". Ils ont été hospitalisés. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a évoqué lors d'un point-presse gare de Lyon une quatrième personne "très choquée" par l'agression.
Un profil psychiatrique
L'assaillant, de nationalité malienne, est, selon le préfet, "en situation régulière en Italie depuis 2016, avec un titre émis en 2019 tout à fait valable", selon les documents en sa possession. Ce titre lui permettait de voyager en France en toute légalité. Selon les papiers d'identité qu'il a présentés, il est né le 1er janvier 1992, selon une source proche du dossier. Il était jusque-là inconnu des services de police français comme italiens, selon une source policière. Le suspect a déclaré "spontanément" souffrir de "troubles psychiatriques" et "des médicaments" ont été retrouvés sur lui, a ajouté le préfet de police.
Selon les informations du service Police-Justice d'Europe 1, d'après une source policière, l'assaillant présente un profil psychiatrique. Durant sa garde à vue, ce Malien a justifié son acte par des théories conspirationnistes. L'homme de 32 ans décrit la France comme un Etat post colonial. Actuellement, des vidéos potentielles du suspect circulent sur les réseaux sociaux, mais aucune authentification n'a encore été confirmée. La thèse du motif religieux ou terroriste est écartée, on est davantage sur un déséquilibré.
Les enquêteurs s'intéressent notamment à un compte TikTok, qui reste à authentifier, ouvert au nom de l'assaillant sur lequel figure un homme noir à lunettes, barbu et cheveux ras. Sur l'une des vidéos, datée du 2 décembre 2023, l'auteur du compte écrit : "R.I.P. (repose en paix, NDLR) dans trois mois, qu'Allah m'accueille dans son paradis". Dans d'autres vidéos, il exprime notamment son ressentiment à l'égard de la France, faisant référence à l'intervention militaire française au Mali.
Le Parquet national antiterroriste a précisé samedi matin être en observation. Vers 16H00, le parquet a indiqué qu'"à ce stade, les investigations se poursuivent", avec notamment des auditions du mis en cause, des témoins ainsi que l'exploitation des vidéosurveillances et de la téléphonie. L'enquête pour tentative d'assassinat a été confiée au 2e district de la police judiciaire parisienne.
Examen psychiatrique ultérieur
"Des premiers éléments, restant à confirmer, révéleraient que le mis en cause aurait d'abord mis le feu à son sac à dos, avant de saisir un couteau et marteau et tenter de porter des coups à l'encontre d'une passante qui parvenait à les éviter", a précisé le parquet. L'homme "a d'abord été maîtrisé par des passants" avant l'intervention de la Suge, la police ferroviaire de la SNCF, qui l'a ensuite remis à la police, a détaillé une source policière, précisant que l'homme "n'aurait pas crié durant son action".
Un premier examen médical a permis de déclarer son état de santé compatible avec une garde à vue, a précisé une autre source proche du dossier. "L'examen de son état mental sera réalisé", a précisé le parquet, ce qui pourrait être fait samedi après-midi ou dimanche matin. Les faits ont eu lieu dans le hall 3 de la gare, situé en sous-terrain, qui mène notamment aux trains de banlieue (RER A, D et ligne R). Après une fermeture au public, le hall a rouvert en début d'après-midi, selon la SNCF. En matinée, les flux avaient été "réorganisés" dans la gare pour éviter ce hall, mais la circulation des trains est restée "normale", avait indiqué plus tôt la compagnie ferroviaire.
"Renforcer la sûreté"
Plusieurs personnalités politiques ont apporté sur X leur "soutien aux personnes attaquées" et remercié les forces de sécurité pour leur action. Cette agression "témoigne de l'impérieuse nécessité de renforcer la sûreté dans les transports", a souligné pour sa part dans un communiqué Philippe Tabarot, sénateur LR des Alpes-Maritimes, porteur d'une proposition de loi au Sénat sur le sujet. La gare de Lyon, d'où partent les trains parisiens pour le Midi, la Suisse et l'Italie, est la première gare de France en termes de trafic grandes lignes avec 100 millions de voyageurs qui y transitent annuellement.
L'attaque rappelle celle survenue non loin de la tour Eiffel le 2 décembre 2023 : un Franco-Iranien de 26 ans, radicalisé et suivi lui aussi pour problèmes psychiatriques, avait attaqué au couteau et au marteau trois personnes, faisant un mort et deux blessés. Samedi, à Lyon, un individu fiché S et "diagnostiqué schizophrène", qui menaçait des passants avec un couteau, a lui aussi été interpellé.