Près de trois ans après, l'affaire de pédophilie de Villefontaine revient sur le devant de la scène. Romain Farina, le directeur d'école de Villefontaine, dans l'Isère, qui s'est suicidé en prison en avril 2016, avait fait huit victimes supplémentaires. C'est en fouillant son ordinateur que les forces de l'ordre ont trouvé pas moins de 500.000 clichés et plus de 10.000 vidéos à caractère pédopornographique et ont ainsi pu remonter leur trace. Mais à la surprise des gendarmes, trois des victimes ne se souvenaient pas d'avoir subi une agression sexuelle.
Amnésie traumatique. Souvent, une victime d'un viol ou d'une agression sexuelle se souvient des faits, mais n'a pas de preuve. Dans cette affaire, c'est l'inverse. Et c'est lié à l'amnésie traumatique. C'est au début des années 2000 que les faits se sont produits, le directeur est alors enseignant, et abuse de huit enfants entre 5 et 6 ans derrière le paravent situé au fond de sa salle de classe. Des séances que l'instituteur appelait alors sordidement "les ateliers du goût".
"Un mécanisme de survie". "À peu près 40% des enfants victimes de violences sexuelles présentent une amnésie totale et 60% une amnésie partielle", explique Muriel Salmona, psychiatre spécialiste de l'amnésie traumatique. "C'est un mécanisme de survie que met en place le cerveau : il disjoncte pour éteindre le circuit émotionnel parce que sinon, ce serait un risque cardiovasculaire et neurologique trop important. (…) Et comme le circuit émotionnel est en lien avec la mémoire, les personnes n'ont plus accès aux événements. Elles sont dissociées, déconnectées. (…) Pour autant, ce mécanisme de survie n'empêche pas le trauma", prévient la spécialiste.