Le parquet de Paris a requis lundi un procès pour 17 hommes, soupçonnés de violences sexuelles commises dans le cadre de la réalisation de vidéos pornographiques pour la plateforme "French Bukkake", a appris lundi l'AFP de source proche du dossier. Le ministère public demande que 17 hommes - dont le dirigeant de la plateforme, son associé, un recruteur d'actrices, dix acteurs... - soient jugés devant la cour départementale criminelle de Paris, notamment pour viols, viols en réunion, traite d'être humains en bande organisée ou proxénétisme aggravé, d'après le réquisitoire définitif dont l'AFP a eu connaissance.
Un 18e homme est également mis en cause, mais pour blanchiment de travail dissimulé. Le parquet a demandé qu'il comparaisse devant le tribunal correctionnel de Paris. Il revient désormais aux deux juges d'instruction chargés des investigations de se prononcer sur la tenue, ou non, d'un procès. Cette information judiciaire, ouverte en octobre 2020, a révélé le cynisme violent d'une industrie pornographique "en proie à de vives tensions entre producteurs et réalisateurs", se livrant "à une rude concurrence pour découvrir de nouvelles actrices" et gagner davantage d'internautes spectateurs, souligne la procureure dans son réquisitoire.
Des personnages fictifs créés pour "amadouer"
Or, dans ce dossier, le recrutement pour French Bukkake, du nom d'une pratique sexuelle, s'appuyait sur "un stratagème" orchestré par Julien D., accuse le parquet, qui demande à son encontre un procès pour viols, complicité de viols en réunion et traite des êtres humains en bande organisée.
Ce rabatteur est accusé d'avoir créé des personnages fictifs en ligne pour "amadouer" de jeunes femmes précaires et les "orienter vers des tournages (...) où elles subissaient des nouveaux faits de viols aggravés", ce qu'il "savait pertinemment", dénonce le parquet.
"Un état de sidération"
De leur côté, les deux autres principaux accusés, le dirigeant du site et réalisateur Pascal OP et son associé Mathieu L. "savaient nécessairement que les plaignantes étaient victimes d'une machination lors de leur recrutement", estime le parquet, qui a exploité leurs échanges téléphoniques. Lors des tournages, où la majorité des plaignantes ont évoqué la présence d'alcool et de stupéfiants, les acteurs "avaient interdiction de discuter" avec les actrices, remarque le parquet.
Ces dernières ont décrit "un état de sidération", découvrant "sur place" le nombre de partenaires masculins et n'étant "pas informées des actes sexuels qui seraient réalisés". "Les actes sexuels s'enchaînaient sur leur personne par surprise, sans qu'elles soient en mesure de les appréhender et donc d'y consentir", dénonce le ministère public.