Le 13 juin 2016, un terroriste s'introduit au domicile d'un couple de policiers et les tue devant les yeux de leurs fils de trois ans. L'assassinat à l'arme blanche de Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint du commissariat des Mureaux et de sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agente administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie, a profondément et durablement choqué la police et les habitants. Le procès de Mohamed Lamine Aberouz, complice présumé de l'assassin, s'ouvre lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris. Sept ans plus tard, le drame de Magnanville reste présent dans la tête des riverains.
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"Pendant plusieurs années, une méfiance a perduré"
Un modeste lotissement de maisons neuves, pratiquement personne dans les rues, juste quelques habitants qui se pressent sans se retourner pour rentrer chez eux... Au moment où le jour décline, presque toutes les maisons ont les volets baissés. Ce quartier de Magnanville était considéré comme calme et sans histoire jusqu'à cette terrible soirée de juin 2016.
Ce n'est pas facile d'oublier, avoue Patrick au micro d'Europe 1. "J'habite juste derrière, je promène souvent mes chiens devant la maison donc j'y pense forcément", confie-t-il. Rien dans l'allée où habitait le couple de policiers ne rappelle aujourd'hui le drame mais Julie, enseignante dans le collège du quartier, se souvient parfaitement de la sidération qui a suivi le drame. "Pendant plusieurs années, une méfiance a perduré, les élèves avaient peur, c'est ça qui a été dur... Il ne faut pas oublier ce qu'il s'est passé", juge-t-elle.
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Un double assassinat inscrit dans l'histoire de la commune, estime Nour-Islam. "Quand on parle de Magnanville à des gens qui ne viennent pas d'ici, ils font directement le lien avec ce qu'il s'est passé, c'est un truc qui restera", assure-t-il. Il n'y a qu'un procès qui peut permettre de tourner la page, glisse une habitante avant de détourner le regard et de refermer sa porte.
"On sait que quand on s'engage dans la police, on embarque aussi sa famille"
Un attentat qui a eu un effet "11-Septembre" sur tous les policiers, affirme Matthieu Valet, porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police (SICP), sur Europe 1. "Ce procès, on le doit d'abord et avant tout pour Mathieu. Cet enfant qui a vu sa mère égorgée par ce terroriste islamiste qui a été [ensuite] abattu par le RAID. Tous les policiers se sont dits que ça pouvait leur arriver. On sait que quand on s'engage dans la police, on embarque aussi sa famille puisqu'aujourd'hui, on sait qu'on est des cibles."
"Depuis le 13 juin 2016, on savait que les policiers gênaient les voyous, les criminels, les terroristes... Rappelez-vous, on sortait d'une période d'effroi profond, on avait perdu plein de policiers le 7 janvier 2015, le 13 janvier 2015. La France était frappée durement et c'est la police qui a permis à la République de rester debout parce qu'on est attaché à notre liberté."