Procès Maëlys : Nordahl Lelandais livre sa version du meurtre
Au dixième jour de son procès pour le meurtre de Maëlys, Nordahl Lelandais a reconnu avoir donné des "coups volontaires" à la fillette sans "aucune intention de donner la mort".
Nordahl Lelandais a reconnu, ce vendredi 11 février, lors de son procès pour le meurtre de la petite Maëlys, lui avoir porté des “coups volontaires”, mais sans intention de lui donner la mort, ni de l’agresser sexuellement. L’ancien militaire de 38 ans est jugé depuis le 31 janvier devant les assises de Grenoble pour le meurtre de l’enfant précédé d’enlèvement et de séquestration, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux petites-cousines âgées de 4 et 6 ans.
“C’est le moment de vous expliquer”
“C’est le moment de vous expliquer, vous avez la parole”, lui a lancé la présidente Valérie Blain en introduction de ce premier interrogatoire très attendu sur les faits. Mais Nordahl Lelandais n’est pas revenu sur ses positions antérieures. “Quoi que je dise, je ne vais pas être cru”, s’est-il désolé à plusieurs reprises, assurant dire “la vérité aujourd’hui”. Revenant sur la nuit des faits, il a admis en pleurant que “les coups étaient volontaires, ce n’était pas un accident. Mais je n’avais aucune intention de donner la mort” à Maëlys.
Selon lui, l’enfant âgée de huit ans, rencontrée à un mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère) en août 2017, a eu quelques brèves interactions avec lui au cours de la soirée à propos de chiens, puis l’a rejoint de son plein gré sur le parking alors qu’il s’apprêtait à partir en voiture pour chercher de la cocaïne.
“Et bêtement, je lui dis monte et elle ouvre la porte”, raconte Nordahl Lelandais. “Je reconnais c’est fou, c’est complètement fou, je n’avais aucune mauvaise intention”, relate-t-il
“Elle s’est mise à hoqueter”
Pour expliquer la présence de la fillette, qu’il ne connaissait pas quelques heures plus tôt, dans son véhicule, il indique être rentré chez lui pour “chercher de la cocaïne, je me dis que ça lui fera plaisir de voir mes chiens”.
“Là sur le trajet, ça ne se passe pas du tout comme ça aurait dû se passer malheureusement”, poursuit-il. “Elle s’est mise à hoqueter.” Nordahl Lelandais dit avoir alors ressenti la même “peur” que la nuit d’avril 2017 au cours de laquelle il avait donné la mort au jeune caporal Arthur Noyer. “J’avais déjà tué un homme, c’est quelque chose que j’avais en tête constamment et j’ai tourné la tête et eu une impression complètement folle”, dit-il. “Je me suis tourné, j’ai donné des coups.”
Ayant tenté en vain de prendre le pouls de la fillette, il finit par la déposer dans un premier lieu près d’une voie ferrée avant de rentrer chez lui pour se changer et de retourner au mariage pour avoir “une forme d’alibi”.
Le corps de Maëlys transporté dans une forêt
“Je ne sais pas ce qui s’est passé. Mais c’est moi, bien sûr que c’est moi qui l’ai fait”, dit-il présentant une nouvelle fois ses “excuses” à la famille. “On aimerait que je dise que c’est un crime sexuel mais pas du tout”, a-t-il encore ajouté. “Je n’étais pas du tout dans cette optique sexuelle, loin de là.”
Il transportera plus tard le corps dans une forêt “pour cacher (son) crime”. La matinée avait été consacrée à l’audition de l’ancien procureur chargé de l’enquête à l’époque de la disparition de Maëlys, Jean-Yves Coquillat, et avait donné lieu à un vif échange avec l’avocat de la défense Me Jakubowicz.
Pour l’ancien procureur, Lelandais est “extrêmement dangereux”
L’ancien procureur, aujourd’hui retraité et d’une “parole entièrement libre”, avait vivement critiqué le “système de défense” de l’ancien militaire. “Ce sont d’excellents joueurs de poker, ils attendent de voir le jeu de l’autre, ils bluffent”, a-t-il estimé. Quant à l’accusé, c’est quelqu’un “d’extrêmement dangereux”, selon lui. C’est “un menteur, un hâbleur, un dissimulateur, un séducteur, quelqu’un de très organisé et très adaptable”, a-t-il estimé.
Son intime conviction ? “Ce que je pense, c’est que Nordahl Lelandais a enlevé Maëlys pour la violer et la tuer, on n’enlève pas une enfant pour aller voir des chiens, ça n’a ni queue ni tête”, a-t-il dit. Son exposé avait été brutalement interrompu par Me Jakubowicz, qui a déclaré n’avoir “jamais vu une attaque aussi directe” contre la défense et exigé une interruption de séance et la présence du bâtonnier.
Condamné pour le meurtre d’Arthur Noyer
“Clairement, M. Coquillat est venu pour régler ses comptes. (...) C’est un réquisitoire avant l’heure !”, a-t-il tonné. Jean-Yves Coquillat a “mis ses tripes” dans ce dossier et “n’a jamais été dupe de la stratégie de Nordahl Lelandais”, a estimé Me Fabien Rajon, avocat de la mère de Maëlys après l’audience. Selon lui, l’ex-magistrat avait “bien cerné la personnalité, la dangerosité” de l’accusé.
Déjà condamné à Chambéry en mai 2021 à 20 ans de réclusion pour le meurtre d’Arthur Noyer, l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Maëlys. Le verdict est attendu vendredi prochain.