Ils font partie du régiment le plus prestigieux de la légion étrangère, le 2e REP, celui qui est envoyé sur les terrains de guerre les plus dangereux, comme lors de l'opération SERVAL au Mali. Quatre légionnaires sont jugés devant les assises de Paris pour avoir laissé mourir l'un des leurs au cours d'un entraînement, Joszef Tvarusko, Matus Talas, de son nom de légionnaire.
Deux dans le box des accusés, deux autres en fuite. Les supérieurs de la victime sont poursuivis pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, commises en réunion". Tous ont été radiés de l'armée et encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle. Mais parmi les accusés, seuls deux d'entre eux font face à la cour: le lieutenant français M. B., et le caporal roumain A. S.. Un mandat d'arrêt a été lancé fin 2008 contre les deux autres, un sergent chilien et un caporal mexicain.
Il meurt de soif et de chaleur. Jusqu'à vendredi prochain, les méthodes d'entraînement de ces soldats d'élite seront donc au cœur du procès. Jusqu'où peut-on aller dans un entraînement militaire ? Car le scenario décrit par le juge d'instruction fait froid dans le dos.
Ce jour de mai 2008, le 2e REP entame un exercice sur un terrain accidenté aux abords de Djibouti. La chaleur est écrasante, il n'y a pas un souffle d'air et la pente est raide. Très vite, un légionnaire slovaque se plaint d'une douleur au genou et demande à s'arrêter. Quatre de ses supérieurs vont le forcer à avancer à coup de crosses, ils vont aussi le priver d'eau, et le laisser en plein soleil pendant les pauses. Vers 16 heures, épuisé et déshydraté, le légionnaire s'écroule et meurt sur place.
"Il n'y a pas eu de coups, je l'ai poussé" pour qu'il avance. A. S. est l'un des accusés. Il reconnait au micro d'Europe 1 qu'il a forcé le Slovaque à avancer, parce qu'il est impossible d'abandonner un camarade pendant un exercice, mais il nie les violences : "Le chef de section m'avait dit de le faire avancer car il se plaignait voir mal au genou. Le seul moyen que j'ai trouvé c'était de le pousser pour qu'il avance. Mais il n'y a pas eu de coups, je l'ai poussé tout simplement. Il était hors de question que l'on s'arrête, on ne pouvait pas le laisser comme ça."
"Si cet homme est mort, c'est parce qu'il n'avait pas le niveau". La défense rappelle que ce sont des soldats d'élite, les premiers envoyés sur les terrains de guerre les plus dangereux. Un entraînement à la légion et la guerre, c'est pratiquement la même chose explique à Europe 1 l'avocat de l'un des accusés pour qui, "si cet homme est mort, c'est d'abord parce qu'il n'avait pas le niveau pour faire partie de ce régiment".