Il est le deuxième homme le plus recherché d’Europe. Mohamed Abrini, identifié en compagnie du suspect-clé Salah Abdeslam deux jours avant les attentats de Paris, est visé par un mandat d’arrêt, lancé par la justice belge. Logisticien des attentats, simple chauffeur ou encore artificier ? L’implication de ce Belgo-Marocain, qualifié de "dangereux et probablement armé", reste à déterminer.
Dans une station essence avec Abdeslam. La première trace de Mohamed Abrini remonte au 11 novembre, deux jours avant les attentats. Ce jour-là, il apparaît sur les vidéos de caméras surveillance d’une station-service de Ressons-sur-Matz, près de Compiègne, dans l’Oise. Il est accompagné de Salah Abdeslam, l'un des trois membres du commando des terrasses, toujours introuvable 12 jours après depuis les attentats.
Les deux hommes sont filmés vers 19 heures, alors qu’ils font une pause à cette station-service de l'autoroute A1, entre Bruxelles et Paris. Sur les images, on voit Mohamed Abrini monter côté conducteur, dans une Renault Clio noire. Un véhicule retrouvé quelques jours après les attentats dans le 18e arrondissement de Paris.
Un rôle à préciser. La veille des attentats, Mohamed Abrini est une nouvelle fois repéré en compagnie de Salah Abdlslam. Il est 3 heures du matin. Les deux hommes se trouvent à Bruxelles. Selon les enquêteurs, ils amorcent vraisemblablement leur commando meurtrier vers Paris. Un convoi de trois véhicules, à l’origine des attaques du Stade de France, des terrasses et du Bataclan.
Pour l’heure, la trace de Mohamed Abrini s’arrête là, en Belgique. A-t-il participé aux attentats, fourni une assistance logistique ou seulement fait office de chauffeur ? Le parquet belge n'a donné aucune information sur son rôle éventuel. Le procureur de Paris, lui non plus, n'a donné aucun détail lors de sa conférence de presse, mardi soir. François Molins s’est même étonné que les autorités belges aient rendues public le nom du suspect pour lancer un mandat d’arrêt.
Un proche des frères Abdeslam. Tout comme Salah Abdeslam, dont il est proche, Mohamed Abrini est suspecté d’être en cavale en Belgique. Jusqu'à peu, il était domicilié à Molenbeek, une commune de 100.000 habitants, considérée comme base arrière des djihadistes. C’est là-bas que Mohamed Abrini a passé son enfance. Un point commun qu’il entretient avec plusieurs terroristes présumés, dont les frères Abdeslam et Abdelhamid Abaaoud. Selon un frère des deux terroristes, Mohamed Abrini était un proche de Salah et Brahim Abdeslam. "Je ne le connais pas personnellement mais je l’ai déjà vu car il fait partie de mon voisinage, je l’ai vu avec mon frère", rapporte Mohamed Abdeslam sur RTL.
Il travaillait dans une épicerie. Depuis septembre 2013, Mohamed Abrini était associé dans une petite entreprise, à Molenbeek, selon la RTBF. L'activité de la société est assez flou : on évoque tantôt un salon de coiffure, tantôt une épicerie. En décembre 2014, Mohamed Abrini vend la totalité de ses parts, et son nom disparaît des registres de l'entreprise. Celle-ci fait faillite en juillet 2015. Contacté par Europe 1, le cabinet d'avocat qui a géré le dossier de la faillite, explique que la société était désertée et "qu'il n'y avait ni rien, ni personne".
Radié après un séjour en Syrie. Quelques mois plus tard, Mohamed Abrini disparaît de la circulation. Suspecté de s’être rendu en Syrie pour combattre dans les rangs de l’Etat islamique, il aurait été radié de la liste de la population de Molenbeek, rapporte Le Soir. Il était également fiché par l'Organe de coordination et d'analyse de la menace (OCAM), comme appartenant aux "Returnees", les djihadistes de retour en Belgique après un séjour en Syrie.
Condamné pour des vols avec violence. Le nom de Mohamed Abrini n’apparaît pas seulement dans des affaires de terrorisme. Depuis son adolescence, "il a été condamné à plusieurs reprises pour des délits de droit commun, principalement pour des vols avec violence", indique Eric Van Der Sypt, porte-parole du parquet fédéral belge, contacté par L'Express. Des condamnations qui lui ont valu un court passage en prison.Un profil bien opaque, tant sur son rôle dans les attentats, que sur son profil.