Il se réfugiait en Belgique depuis quatre mois. Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris en novembre, a été arrêté vendredi après-midi au cours d'une opération policière à Bruxelles. Sa trace avait été retrouvée mardi lors d’une perquisition de routine qui s’était transformée en spectaculaire intervention antiterroriste durant laquelle un homme a été tué. Deux hommes autres avaient pris la fuite, dont Salah Adbeslam, son empreinte digitale ayant été retrouvée dans l’appartement résidentiel de la commune bruxelloise de Forest. Son arrestation met fin à quatre mois de traque sans relâche des services de police franco-belges.
Le logisticien des attentats. Selon les enquêteurs, Salah Abdeslam est le logisticien des attentats du 13 novembre. C'est lui qui avait réservé en Belgique les voitures avec lesquelles le commando est venu à Paris. C'est lui encore qui avait loué les appartements dans lesquels les terroristes ont passé leurs dernières heures avant de commettre les attaques.
Un rôle obscur pendant les attentats. Mais concernant les attaques, son rôle reste opaque. Le soir des attentats, après avoir déposé les trois kamikazes au Stade de France, Salah Abdeslam prend la route du 18e arrondissement au volant de sa Clio, qu’il abandonne précipitamment en travers d’un passage piéton place Albert-Kahn. A pied, muni d’une ceinture explosive, le jeune homme se rend dans un cybercafé de la rue Doudeauville, où il se procure un téléphone portable. Au même moment, son frère tire en rafale sur les terrasses du 11e arrondissement de Paris.
Contrôlé mais pas arrêté. Là, Salah Abdeslam appelle à l’aide plusieurs proches, dont deux amis de Molenbeek, qui viendront le chercher quelques heures plus tard, dans le sud de la capitale, à Montrouge où il abandonne sa ceinture explosive. Durant son exfiltration vers la Belgique, Salah Abdeslam et ses deux complices sont contrôlés par les gendarmes. Un contrôle de routine dont Salah Abdeslam, qui n'est pas encore identifié, repart tranquillement.
Son empreinte repérée plusieurs fois. Sa trace s'évanouit à Schaerbeek, une autre commune de Bruxelles, le samedi 14 novembre vers 14 heures. Selon des informations de presse locale, il y aurait ensuite passé trois semaines, caché dans un appartement où son empreinte ADN a été retrouvée le 10 décembre par les enquêteurs. Une trace ADN de Salah Abdeslam avait également été retrouvée dans un appartement de Charleroi, mais il s’agissait vraisemblablement d’une empreinte datant d’avant les attentats de Paris.
Une brusque accélération de sa traque. Plus récemment, à la suite d’une perquisition réalisée mardi, l’empreinte digitale de Salah Abdeslam est retrouvée dans un appartement de la commune résidentielle de Forest, où l’ennemi public n°1 est suspecté de s’être planqué. Depuis plusieurs mois, les enquêteurs s’intéressaient à cet appartement situé à Bruxelles. Les unités en étaient persuadées : ce logement servait de planque à des individus directement en lien avec les auteurs des attentats de Paris. Mais les enquêteurs avaient également la certitude que l’appartement était inoccupé depuis deux mois, en raison d’une absence de consommation d’électricité.
En réalité, trois individus, dont Salah Abdeslam se trouvaient à l'intérieur au moment de la perquisition, qui s'est transformée mardi en spectaculaire intervention antiterroriste. Durant cette opération, au cours de laquelle les enquêteurs ont été reçus par des tirs de kalachnikov, un homme a été tué par un tireur d'élite des unités spéciales alors qu'il allait clairement ouvrir le feu sur la police. Salah Abdeslam, lui, a pris la fuite avec un complice, non identifié à ce jour.
La traque de l’homme le plus recherché d’Europe s’arrête donc à Molenbeek, la commune où le terroriste de 26 ans a passé son enfance. L’assaut visant l’appartement où il s’était retranché avec plusieurs complices a été donné vendredi après-midi. Salah Abdeslam a été blessé à la jambe pendant l’opération de police qui a conduit à son interpellation après 126 jours de cavale.