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Frédéric Michel (sur place), avec AFP , modifié à
Un incendie dans un immeuble d'habitation a fait sept morts dans la nuit de mercredi à jeudi à Nice. La piste "criminelle" est privilégiée par les enquêteurs, a annoncé le procureur. Le Premier ministre Gabriel Attal annonce que trois individus sont recherchés.
L'ESSENTIEL

Un violent incendie, probablement d'origine criminelle, a fait sept morts, dont trois enfants et un adolescent, dans la nuit de mercredi à jeudi dans un immeuble d'habitation du quartier des Moulins à Nice. Le sinistre a ravagé un appartement du septième et dernier étage d'un immeuble de ce quartier populaire dans l'ouest de Nice, classé "politique de la ville" et gangréné par les trafics de stupéfiants.

Trois enfants, trois adultes et un adolescent sont morts

Trois enfants de 5, 7 et 10 ans et trois adultes ont trouvé la mort dans l'appartement, a précisé le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh, et un adolescent de 17 ans est mort lui en se défenestrant pour tenter d'échapper aux flammes. Un homme de 47 ans, qui a également sauté de l'appartement, est très grièvement blessé, a précisé le préfet. Des voisins avaient placé des matelas pour tenter d'atténuer la violence des chutes, selon des témoins.

"Je remercie les services de l'État et les secours pour leur action. Nos pensées vont aux proches des victimes", a déclaré le chef de l'État, Emmanuel Macron, sur X (ex-Twitter), alors que le Premier ministre Gabriel Attal et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sont arrivés sur place vers midi. Le chef du gouvernement a indiqué que trois individus étaient recherchés. "L'enquête progresse. Les premiers éléments ont pu être recueillis, trois individus sont recherchés", a-t-il déclaré, en soulignant que "ce qui s'est produit ici, cet incendie, est absolument terrible, abominable".

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© Frédéric Michel / Europe 1

La piste criminelle "totalement confortée"

Appelés à 2h28 du matin, les pompiers sont arrivés sur place "extrêmement rapidement", "une dizaine de minutes plus tard", a assuré le procureur de Nice, Damien Martinelli. Ils ont secouru plusieurs personnes encore en vie dans l'appartement, avant d'évacuer à l'aide de trois grandes échelles la trentaine d'habitants des appartements du dessous.

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© Frédéric Michel / Europe 1

"On part sur un incendie criminel", a poursuivi le magistrat, lors d'un point presse sur place : "Au regard des premiers éléments, j'ai ouvert une enquête pour des faits d'incendie volontaire ayant entraîné la mort", a précisé le magistrat, sans détailler ces éléments.

Selon Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice, les images des caméras de vidéosurveillance ont révélé la présence de "trois personnes cagoulées" sur les lieux au moment du départ du sinistre. Le préfet a précisé de son côté que le feu serait parti du deuxième étage, dans les parties communes, et se serait propagé dans les étages par la cage d'escalier.

Les investigations "confortent totalement la piste criminelle" dans l'incendie qui a fait sept morts à Nice dans la nuit de mercredi à jeudi, a affirmé le parquet dans un communiqué, en évoquant notamment "trois départs de feu aux 1er, 2e et 3e étages". Demandant "une particulière prudence sur le mobile du passage à l'acte criminel", le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, a cependant précisé qu'est bien explorée "la piste de faits intervenant dans le cadre d'un conflit sur fond de trafic de stupéfiants, sans lien avec les victimes et leur famille".

Deux survivants sont des enfants de la famille

Les survivants de l'appartement dévasté ont raconté que la mère de cette famille d'origine comorienne les avait réveillés pour les conduire près de la fenêtre avant de repartir chercher les autres enfants et de disparaître dans les flammes, a raconté le préfet.

Selon des membres de la communauté comorienne locale, deux des survivants de l'appartement sont deux enfants de la famille, un adolescent de 17 ans, jumeau de celui qui est décédé en se défenestrant, et son grand frère de 19 ans. "Ils sont détruits", a insisté Nadjin Maecha, président de l'association de solidarité comorienne.

Sur place, jeudi matin, les deux fenêtres du dernier étage donnant sur la façade avant de l'immeuble étaient calcinées, tout comme le balcon du même appartement sur la façade arrière, alors qu'une odeur persistante de brûlé flottait sur le quartier. Seuls les habitants desservis par la cage d'escalier touchée ont été évacués.

"Il y avait le feu dans la cage d'escalier"

Au total, une quinzaine de familles ont été accueillies dans une salle municipale voisine, dans l'attente d'un relogement. L'immeuble où s'est déclaré le sinistre date de 1977 et avait fait l'objet d'un programme de rénovation au début des années 2000.

Assise sur un lit pliant, pendant que ses quatre filles de 4 à 10 ans dessinent avec des bénévoles de la Protection civile, Soibrata, qui habitait au 5e étage, a évoqué sa panique dans la nuit. "J'ai entendu du bruit, j'ai vu des gens qui couraient dehors. Il y avait le feu dans la cage d'escalier, la fumée entrait sous la porte. J'ai réveillé les enfants, on a appelé les pompiers, ils nous ont dit de mettre des serviettes mouillées sous les portes et d'aller sur le balcon. Finalement, on a été évacués sur l'échelle, d'abord les filles et puis nous", raconte-t-elle.

Selon elle, comme selon d'autres voisins rencontrés au bas de l'immeuble, l'attente des pompiers aurait duré bien plus que 10 minutes. Plusieurs habitants ont ainsi raconté s'être relayés pour arroser les auvents et parasols des balcons afin d'éviter que les éléments tombant du balcon en flamme ne mettent le feu au reste du bâtiment.

Cet incendie est le plus grave depuis le sinistre du 9 août 2023 qui avait fait 11 morts dans un gîte de vacances accueillant des personnes handicapées mentales légères près de Colmar dans le Haut-Rhin. En avril 2005, 24 personnes, dont 11 enfants, étaient morts à Paris dans l'incendie d'un hôtel d'hébergement d'urgence, le Paris-Opéra, habité par des familles d'origine africaine.