Sivens : les parents de Rémi Fraisse lancent un appel à témoins

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C.P.-R. avec AFP , modifié à
Un an après la mort de leur fils, les parents de Rémi Fraisse lancent un appel à témoins pour tenter d'éclaircir les circonstances de sa mort.

"Nous avons appris que l’Etat en France pouvait tuer". C'est par ces mots forts que commence la tribune publiée jeudi dans Le Monde, "A Rémi Fraisse, notre fils mort il y a un an". Dans celle-ci, ses parents Jean-Pierre et Véronique, et sa sœur, Chloé, lancent un appel à témoins pour comprendre les circonstances du décès du jeune militant écologiste.

Cette mort remonte presque à un an, jour pour jour. Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, lors de heurts sur le chantier du barrage controversé de Sivens, dans le Tarn, Rémi Fraisse a été mortellement touché par une grenade offensive, lancée par un gendarme.
 
"Toutes les victimes de ce soir-là doivent être entendues." "Nous voulons savoir ce qui s'est passé. Nous voulons savoir comment Rémi est mort. Toutes les victimes de ce soir-là doivent être entendues. Toutes les personnes présentes à côté de lui peuvent expliquer comment cela s'est passé, où il était, ce qu'il a dit", demandent les proches du jeune botaniste, dans le quotidien du soir.

Ils veulent "comprendre". "Nous leur demandons en son nom, pour que de tels actes ne se reproduisent plus sur notre sol, de venir courageusement se présenter pour nous aider à faire toute la lumière sur cet événement dramatique pour la nation toute entière", ajoutent-ils, soulignant qu'ils veulent "comprendre". Dans cette tribune, la famille raconte cette ignorance, ce silence, dans laquelle elle a été plongée, après avoir appris la mort de leur fils : "Pendant trois jours, le silence, les doutes, les craintes, le mensonge. Rien sur les causes de sa mort, sur les raisons, les circonstances", écrivent-ils.

La version de l'enquête administrative. Selon le compte-rendu de la gendarmerie, cette nuit du 25 au 26 octobre, des "adversaires extrêmement déterminés" ont attaqué les forces de l'ordre. Vers 01h40, un gradé a alors lancé une grenade offensive sur "cinq opposants agressifs qui jetaient constamment toutes sortes de projectiles". Un manifestant s'écroule alors, avant d'être récupéré par les forces de l'ordre, inanimé. Ce manifestant, c'est Rémi Fraisse. Le décès du jeune homme de 21 ans est constaté juste avant 2 heures du matin. Dans son rapport de décembre 2014, l'Inspection générale de la gendarmerie (IGGN) exonère le gendarme auteur du tir mortel qui, déclarera de son côté, "ce qu'il s'est passé est un accident".

La crainte du non-lieu. Des conclusions qualifiées de "mensonges" par la défense de la famille, qui dénonce une tentative de dissimulation par la hiérarchie et le gouvernement. Et la famille de conclure, dans cette tribune, en faisant référence à l'instruction judiciaire qui est toujours en cours sur cette affaire : "Nous voulons comprendre comment un gendarme peut envoyer une grenade mortelle dans de telles circonstances […] Nous voulons savoir qui est responsable. Un non-lieu serait terrible."