'Un abandon inhumain". L'acteur Jean-Hugues Anglade maintien sa version après la polémique sur le comportement du personnel du Thalys, au lendemain de l'attaque à main armée dans ce train reliant Amsterdam à Paris, vendredi soir. Celle-ci s'est déroulée en queue de train, qui comptait deux rames. Le bilan s'élève à deux personnes grièvement blessées, mais dont le pronostic vital n'est pas engagé. Un bilan qui aurait sans doute pu être beaucoup plus lourd, si le suspect, lourdement armé, n'avait pas été maîtrisé par des passagers.
Personne ne pouvait y pénétrer. Accompagné de ses deux enfants et de sa compagne, l'acteur était installé dans la voiture numéro 11, la dernière, à quelques mètres à peine de celle dans laquelle se trouvait le tireur. "On a vu débouler des personnes qui s'occupent du service" pour Thalys, raconte Jean-Hugues Anglade à Europe 1. "Aucune information ne nous a été donnée par deux personnes qui s'étaient enfermées dans la cabine de la motrice", continue l'acteur. Cette pièce était "verrouillée de sorte que personne ne puisse y pénétrer".
Alors à quelques dizaines de mètres du tireur, "nous poussons la porte pour qu'on nous ouvre et une force contraire nous en empêche". "Nous n'avions aucune possibilité de fuir. Nous avons été stupéfait d'être complètement abandonnés", relate Jean-Hugues Anglade. Sa survie, il la doit, comme les autres passagers, au sang-froid dont on fait part deux soldats américains étant parvenus à maîtriser le terroriste présumé, avec l'aide d'autres voyageurs, à qui il veut rendre hommage.
Thalys défend ses agents, Anglade persiste et signe. Malgré tout, l'acteur garde de la rancoeur contre le personnel de Thalys. "C'est indigne d'un personnel qui est censé vous conseiller et vous protéger", estime-t-il. "C'était la débandade et l'abandon total."
Après ces propos, la directrice de Thalys a réagi en affirmant que les agents de la rame où s'est déroulée l'attaque armée ont alerté le conducteur. L'un d'eux s'est même réfugié avec plusieurs passagers, a-t-elle déclaré. "Un agent a senti une balle le frôler. Il est parti, avec cinq ou six voyageurs, se réfugier dans le 'fourgon'", un espace en bout de rame, dans lequel peuvent être rangés des bagages, et qui s'ouvre avec une clé spéciale, a ainsi raconté Agnès Ogier, après s'être entretenue avec les agents.
Jean-Hugues Anglade, lui, réfute cette version. "Ce n'est pas vrai. Nous aurions tous constaté" qu'il y avait des passagers dans cette pièce. "Nous ne pouvons pas imaginer une seule seconde que quelques privilégiés aient pu avoir accès à cette motrice", continue-t-il, assurant qu'il ne "changera jamais de version". "On ne peut pas mettre en doute le témoignage des passagers", réclame-t-il, même s'il ne demande pas aux agents "d'être des héros".
L'un a donné l'alarme... C'est cet agent qui "a tiré le signal d'alarme [...]. Puis, lorsque le train s'est arrêté, il est sorti pour aller alerter la rame de tête et le conducteur", justifie Agnès Ogier. "Tout au long de son histoire, il est resté dans sa mission", notamment en protégeant les passagers qui étaient à ses côtés.
L'autre est passé auprès des voyageurs. Pendant ce temps, un second agent alertait également le conducteur, via le téléphone du train. Dans le règlement français, les agents doivent d'abord alerter, puis arrêter le train, a précisé la directrice de Thalys. "Le deuxième 'train manager' a fait le tour de la rame pour aller voir les passagers", a ajouté Agnès Ogier. Lorsque le train a été stoppé, l'agresseur avait déjà été maîtrisé par des passagers. Il a alors redémarré et a été dérouté vers Arras, où l'homme a été interpellé.
Le patron de la SNCF propose un rendez-vous. Le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a annoncé samedi qu'il allait rencontrer dans les jours prochains Jean-Hugues Anglade. "J'ai proposé de rencontrer M. Anglade, qui a dit oui", a déclaré le patron de la compagnie ferroviaire. "Je le crois sincère dans sa volonté de faire toute la vérité", estime l'acteur, qui a l'intention de lui dire "qu'il faut tout faire pour protéger les personnes qui voyagent sur ces trains". Guillaume Pépy, lui, dit comprendre "l'émotion, les témoignages, mais pour pouvoir conclure, il faut se donner le temps d'entendre tout le monde". "Moi, ce que je veux", continue l'acteur, "c'est que les gens soient protégés, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui".