Un «pigeon», un meurtre sordide et un cadavre dans un placard aux assises de Vesoul

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avec AFP // crédit photo : Victoria Valdivia / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Camille Anguenot est jugée ce mardi à la cour d'assises de la Haute-Saône pour avoir tué et caché le corps d'un jeune homme rencontré en boîte de nuit. Agée de seulement 18 ans au moment des faits, elle encourt une peine de 30 ans de réclusion criminelle. 

Camille Anguenot, jugée devant les assises de Haute-Saône pour avoir tué un prétendant et avoir caché son corps dans le placard de son salon en continuant à vivre comme si de rien n'était, a reconnu les faits à l'ouverture de son procès mardi. "J'assume. Je reconnais" le meurtre de Théo Decouchant, a déclaré le jeune femme de 20 ans aux longs cheveux bruns et raides, d'une voix claire et posée, devant la cour d'assises de la Haute-Saône, dont le verdict est attendu vendredi à l'issue de quatre jours d'audience.

Agée de seulement 18 ans au moment des faits en 2021, elle encourt 30 ans de réclusion criminelle pour "homicide volontaire, vol et escroquerie". Camille Anguenot, passionnée d'équitation, a rencontré Théo Decouchant en discothèque en novembre 2021. Le 29 novembre, elle invite ce garçon discret et attentionné de 23 ans à passer la soirée chez elle à Oiselay-et-Grachaux, petite commune de Haute-Saône, entre Vesoul et Besançon.

Selon l'accusée, ils se seraient endormis dans le même lit, mais elle aurait été réveillée dans la nuit par les caresses du jeune homme qu'elle aurait repoussé et qui se serait montré insistant. Elle a expliqué à la cour lui avoir alors porté "trois coups de poing" au visage, avant de saisir un couteau de cuisine et de le poignarder au ventre.

Ensuite, "il recule, il s'abaisse, et moi je pars dans ma chambre" chercher la ceinture d'une robe, a-t-elle poursuivi. "Quand je reviens, il est couché sur le côté. Je vais vers lui et, dans la folie du moment, je place la cordelette autour de son cou et je tire. Et voilà", a-t-elle raconté mardi. "J'ai pris appui sur son dos avec le pied pour tirer. Tout est allé très vite. Il a mis les mains au niveau du cou pour desserrer le lien", a ajouté la jeune femme, en répondant franchement au président de la cour.

 

"Merci pour hier soir"

Dans la nuit, elle se débarrassera des affaires de Théo et enverra un SMS sur le portable de sa victime: "Merci pour hier soir, c'était vraiment bon. Fais attention sur la route et à bientôt". Elle utilise les jours suivants la Peugeot 307 et la carte bancaire de la victime pour mener sa vie comme si de rien n'était. Alors même qu'elle n'a pas le permis de conduire, elle rejoint notamment un nouvel amant à Bordeaux, puis un ancien à Dijon. La jeune femme fait aussi changer les plaques d'immatriculation de la Peugeot.

A son retour en Haute-Saône, Camille Anguenot emballe le corps de Théo, qu'elle avait laissé dans sa salle de bain. Empaqueté dans des sacs poubelles fermés avec du gros scotch brun, elle enferme le cadavre dans le placard de sa pièce à vivre.

De son côté, inquiète de ne plus avoir de nouvelles de son fils, la mère du jeune homme signale sa disparition et sa sœur échange avec Camille Anguenot. Celle-ci affirme que Théo est reparti le lendemain de leur soirée ensemble et partage sur Facebook l'avis de recherche du garçon.

"Perversité"

Mais une semaine après cette soirée, les enquêteurs de la police judiciaire découvrent chez elle le cadavre en début de décomposition resté dans le placard. En garde à vue, elle explique avec "un extrême détachement", selon les enquêteurs, qu'elle considérait Théo Decouchant comme son "pigeon" et qu'elle espérait en obtenir de l'argent. Elle confie aussi qu'elle avait l'habitude d'utiliser les garçons pour ses besoins matériels. L'avocat de la famille de la victime, Christophe Bernard, fustige la version de l'accusée mettant en avant une agression sexuelle.

"Elle sait que Théo a eu un gros coup de cœur pour elle. Elle veut sa voiture pour aller rejoindre un nouveau copain, alors elle l'attire chez elle", avance l'avocat, soulignant "la perversité" de la jeune femme qui "minimise les faits". L'altération ou non du discernement de l'accusée lors du passage à l'acte sera au cœur des débats. Deux expertises psychiatriques s'opposent: l'une décèle une "personnalité caractérielle" mais sans altération du discernement, alors que l'autre décrit des "traits psychopathiques" qui ont pu générer une "altération de son discernement".