Un "expert en séduction" et en "masculinité" a été condamné mercredi par la cour d'assises des Yvelines à la prison à perpétuité pour avoir assassiné son ex-compagne de près de 80 coups de couteau, et avoir poignardé à de multiples reprises la sœur et le nouveau compagnon de celle-ci. Mickaël Philétas, aujourd'hui âgé de 41 ans, a été jugé coupable de l'assassinat de Mélanie G., 34 ans, de tentative de meurtre sur le nouveau compagnon de la victime et de tentative de meurtre ainsi que d'atteinte sexuelle sous la menace d'une arme sur sa petite sœur en janvier 2020.
La prison à perpétuité requise par l'avocate générale
"On voulait la peine la plus grave et on l'a eue", a déclaré la mère de la victime, partie civile au procès, en quittant la salle d'audience. Décrivant un "crime sauvage" dont la préméditation ne faisait "aucun doute", l'avocate générale avait requis dans la matinée la prison à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans. Lors de sa plaidoirie l'avocat de la défense, Me Guillaume Gombart, avait appelé la cour à ne pas retenir la préméditation, sans succès.
Me Frédéric Roussel, conseil des parents et des deux sœurs de Mélanie G., a salué auprès de l'AFP une peine "juste, adaptée et proportionnelle à la gravité des faits". Dans le box, assis bien droit, emmitouflé dans un anorak noir, Mickaël Philétas n'a pas réagi à l'énoncé du verdict.
Près de 80 coups de couteau assénés en janvier 2020
En janvier 2020 il s'était introduit en pleine nuit au domicile de son ex-compagne, "obsédé" selon ses dires par l'idée de savoir si elle fréquentait un autre homme. Il lui avait asséné près de 80 coups de couteau. Le décès de Mélanie G. avait été constaté sur place, peu après l'arrivée des secours. Professeur de zumba, l'accusé animait une chaîne YouTube comptant près de 1.000 vidéos, dans lesquelles il se proclamait "virtuose de la séduction", "spécialiste de la masculinité" et vilipendait la "castration" des hommes par leurs compagnes.
"Il est clair que Mickaël Philétas ne tolère pas qu'une femme lui tienne tête", avait affirmé l'avocate générale dans son réquisitoire, citant notamment une vidéo de la chaîne animée par l'accusé intitulée "Comment dézinguer une ex". Évoquant dans sa plaidoirie les vidéos mises en ligne par son client, Me Guillaume Gombart avait pointé du doigt une "idéologie" qui l'aurait "rendu dingue". À plusieurs reprises, Mickaël Philétas avait fait allusion sur sa chaine au mouvement américain "MGTOW" ("Men going their own way", en français "les hommes qui prennent leur propre chemin"), qui rassemble des hommes jugeant néfastes toutes relations avec les femmes.
La cour d'assises relève "l'acharnement" du suspect
Dans ses motivations, la cour d'assises des Yvelines a relevé "l'acharnement" dont Mickaël Philétas a fait preuve en agressant la petite sœur de Mélanie G., à l'époque âgée de 20 ans. La nuit du crime, avant de se rendre dans la chambre de la victime, où celle-ci se trouvait avec son nouveau compagnon, il était d'abord tombé sur elle, endormie dans le salon. Sous la menace d'un couteau, il l'avait contrainte à se taire, avant de baisser son pantalon ainsi que sa culotte, de la menotter et de lui porter une trentaine de coups de couteau.
"Je me suis effondrée. (...) Quand je reprends connaissance, j'entends les cris de ma sœur en train d'agoniser. Elle hurle de douleur", a raconté la semaine dernière à la barre la jeune femme de 23 ans. Lundi après-midi, l'accusé avait invoqué son droit au silence tout au long de son interrogatoire. Ce silence traduisait une "très très grosse honte", avait-t-il expliqué en fin d'audience. "Qu'est-ce qu'il y a à défendre ? Comment pourrais-je oser me défendre ?", avait-il ajouté. Mickaël Philétas avait été condamné en 2015 à une peine de prison avec sursis pour des violences sur une ancienne compagne.