Alors que 4,8 millions de mètres carrés de bureaux sont vacants rien qu'en région Île-de-France, les députés ont adopté la semaine dernière en première lecture, une proposition de loi portée par Romain Daubié, visant à faciliter la transformation de bureaux en logements. Si le sujet de la crise du logement met tout le monde d'accord, est-ce la solution pour provoquer le "choc d'offre" que souhaite Gabriel Attal, le premier ministre ? Certains pointent une fausse bonne idée...
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Des coûts de transformation faramineux !
En effet, transformer des bureaux en logement n'est pas si simple qu'il n'y paraît. Déjà, l'immeuble concerné doit faire l'objet d'un changement de destination. Son propriétaire va devoir vérifier que les règles du Plan Local d'Urbanisme (PLU) ne s'y opposent pas. Ensuite, il devra déposer une déclaration préalable de travaux ou une demande de permis de construire, déclarer le changement d'affectation au cadastre dans les 90 jours de la réalisation du changement de destination et si l'immeuble est en copropriété, il devra obtenir un vote à l'unanimité en Assemblée Générale, mais ce n'est pas tout !
Si l'administratif peut décourager, d'autres freins viennent s'y ajouter. Transformer un immeuble haussmannien qui accueille des bureaux en habitations ne pose pas problème, en revanche, pour les bâtiments construits et pensés pour être des bureaux, le coût de la transformation peut s'avérer lourd ! Dans ce type d'immeubles, certains espaces n'ont pas ou peu d'accès à la lumière naturelle, il faut également y insérer des salles d'eau, des cuisines, mais aussi des balcons ou des terrasses, ce qui signifie une rénovation totale des façades... Bref, les coûts sont faramineux !
Une rentabilité moindre...
Autre problème identifié pour mettre en œuvre la proposition de loi visant à faciliter la transformation de bureaux en habitations, la rentabilité ! En effet, la rentabilité moyenne d'un immeuble de bureaux se situe autour de 8 à 9% tandis qu'elle est d'environ 6% pour les habitations. Un changement de destination ne serait donc pas intéressant d'un point de vue financier pour les investisseurs, d'autant plus que le tertiaire est beaucoup plus facile à gérer que l'habitation. Coûts très élevés de transformation, baisse de la rentabilité... Cette proposition de loi risque de faire pschitt !