La maison individuelle, du rêve au cauchemar... En 2023, 650 constructeurs de maisons individuelles ont été placés en liquidation judiciaire, soit 40% de plus qu'un an plus tôt. Loïc Cantin, Président de la Fédération nationale de l'immobilier justifie cette hécatombe, "les matériaux ont augmenté, mais les deux principaux motifs sont l'élévation subite des taux d'intérêt et le resserrement du prêt à taux zéro, uniquement sur le collectif". Et les faillites en cascades ont eu de lourdes conséquences pour les particuliers...
"C'est notre premier achat et malheureusement, cela commence mal"
En effet, plusieurs constructeurs ont mis la clé sous la porte alors que de nombreux chantiers étaient encore en cours. C'est le cas de Emeric, en janvier, l'entreprise en charge de la construction de sa maison a été placée en liquidation judiciaire, "on était juste à la charpente" se désole le normand, "et même si la maison n'est pas finie, à la fin de l'année, on devra payer le crédit totalement, plus notre loyer actuel", soit près de 1.600 euros, impossible pour lui qui ironise "c'est notre premier achat et malheureusement, cela commence mal".
Galère similaire pour Claire qui a choisi le même constructeur. Sa maison lui a coûté plus cher que prévu, "on est sur une maison à 180.000 euros et aujourd'hui on a payé 210.000 euros". 30.000 euros supplémentaires pour cette jeune femme qui a dû piocher dans ses économies et aujourd'hui, "ils nous doivent encore certaines choses !" affirme-t-elle, "on n'a pas eu notre PV de réception, on n'a pas eu notre carnet numérique de maison, notre DPE, notre attestation de conformité et le test d'étanchéité".
"Ils deviendront de simples créanciers"
Cerise sur le gâteau, pour plusieurs particuliers, certains constructeurs de maisons, en difficultés financières, ne souscrivent pas à la garantie livraison, pourtant obligatoire. Dans ce cas-là, les clients lésés "deviennent de simples créanciers" selon David Rodrigues, juriste logement à la CLCV, ce qui signifie qu'ils passent "après l'État, après les impôts, après les salariés et ils ne pourront avoir qu'une partie du remboursement des sommes avancées, s'il reste encore de l'argent !"