L'Australie importe de France des insectes coprophages, plus connus sous le nom de bousiers, afin de se débarrasser à terme des mouches très envahissantes dans les régions méridionales de l'île-continent au printemps et à l'été, a-t-on appris vendredi.
Des mouches devenues nuisibles. Le problème posé par ces mouches remonte à l'introduction des premiers bovins en Australie par des colons, il y a plus de deux siècles. Aujourd'hui, le pays compte près de 30 millions de têtes. "Dans les centaines de millions de bouses fraîches déposées chaque jour, des milliards de mouches ont pu se développer", explique Jean-Pierre Lumaret, professeur émérite à l'Université Paul-Valéry Montpellier III, acteur clé de cette collaboration franco-australienne.
Ces parasites sont présents en si grand nombre dans certaines zones de l'Australie qu'il est nécessaire de se couvrir la tête de filets, similaires à des moustiquaires. "Les mouches recherchent l'humidité dans la transpiration, la salive, les sécrétions des yeux, les blessures etc. Quand plusieurs centaines tournent autour d'une personne, elles sont sérieusement gênantes", décrit Bernard Doube, qui a des élevages de bousiers près d'Adelaïde en Australie méridionale.
Un processus d'introduction délicat. Deux espèces d'insectes coprophages ont été collectées, testées et élevées à Montpellier, où l'agence nationale australienne pour la recherche, le CSIRO, dispose d'un laboratoire. "Nous avons fait venir de France plusieurs centaines de bousiers. Ils sont restés en quarantaine pendant neuf mois environ", explique Bernard Doube. Ces introductions sont "difficiles à réaliser", encadrées par "des processus très sévères de mise en quarantaine afin d'éviter d'introduire en Australie des maladies du bétail ou autres parasites", souligne Jean-Pierre Lumaret.
Les bousiers "concurrencent" les mouches : ils perturbent leur ponte, assèchent la matière fécale des bovins ce qui est défavorable aux mouches, et recyclent les déjections du bétail, "privant les mouches de leur pitance", explique ce professeur. "Mais pour cela il faut énormément de bousiers actifs dans la même bouse", ajoute-t-il.
D'ici deux à cinq ans, le problème devrait être résolu. Des essais ont démarré en Australie occidentale et d'autres auront lieu au printemps 2017, entre septembre et décembre. "D'ici 2 à 5 ans, des dizaines de milliers de bousiers seront relâchés dans des élevages dans le sud de l'Australie", explique Bernard Doube. "Dans une décennie, ils devraient se trouver en grande quantité dans plusieurs régions et ainsi résoudre le problème posé par les mouches", espère-t-il.